L'ecstasy confirme son retour en Europe selon un rapport de l'OEDT

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Publié le 01/06/2016

L'ecstasy semble confirmer son grand retour en France, selon le rapport publié par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) publiés lundi 31 mai. Environ 2,1 millions de jeunes adultes déclarent avoir consommé de la MDMA (3,4-méthylènedioxyméthamphétamine, ou ecstasy) au cours de l'année écoulée, soit 1,7 % des 15 à 34 ans des 12 pays ayant participé à l'enquête. « La MDMA semble gagner en popularité, tant auprès des consommateurs de stimulants qu'auprès d'une nouvelle génération de jeunes usagers », estiment les auteurs.

Parallèlement à cette enquête, une étude menée en 2015 sur les eaux usées de 60 villes européennes a constaté que les taux de MDMA y étaient supérieurs à ceux constatés en 2011. Cette hausse ne serait pas tant symptomatique d'une hausse de la consommation que de la circulation d'une MDMA plus pure qu'avant, ce qui a d'ailleurs justifié l'émission de plusieurs alertes sanitaires par l'EMCDDA et Europol en 2014.

Pour le directeur de l'EMCDDA, Alexis Goodsdeel, cette nouvelle donne de la consommation de MDMA en Europe doit inciter à « revoir les mesures existantes de prévention et de réduction des risques afin de cibler et d'aider une nouvelle population d'usagers qui consomment des produits peut-être des produits fortement dosés, sans mesurer pleinement les risques qui en découlent ». Le public consommant de l'ecstasy en par ailleurs de plus en plus large, toujours selon l'enquête de l'EMCDDA. En France, plus de 2 % des 15-34 ans ont consommé de l'ecstasy dans les 12 derniers mois en 2015, contre moins de 1 % en 2010.

La cocaïne toujours en tête

La cocaïne reste la substance stimulante la plus consommée dans l'Union européenne, avec près de 2,4 millions de jeunes adultes qui déclarent en avoir consommé au cours de l'année écoulée. Sans surprise, le cannabis garde la première place de drogue illicite la plus consommée, avec 16,6 millions de jeunes Européens en ayant fumé au cours des 12 derniers mois. Un niveau de consommation qui reste globalement stable au niveau européen depuis plusieurs années, bien qu'il augmente dans plusieurs pays, dont la France. Environ 1 % des Européens seraient des consommateurs quotidiens ou quasi quotidiens, et 69 000 d'entre eux ont été admis en traitement pour des problèmes liés au cannabis en 2014, contre 45 000 en 2006.

En 2015, 98 nouvelles substances ont été signalées pour la première fois par le système d'alerte précoce de l'Union européenne, contre 101 en 2014, en grande majorité des cannabinoïdes et des cathinones de synthèse (80 % des saisies de nouvelles substances enregistrées). Les cannabinoïdes de synthèse, vendus comme des susbtitus « légaux » du cannabis, sont susceptibles d'être hautement toxiques. Des intoxications massives ont d'ailleurs déjà été observées : en février 2016, une alerte avait été donnée suite à 13 décès et 23 intoxications causées par le cannabinoïde de synthèse MDMB-CHMICA.

Les overdoses augmentent chez les « vieux » consommateurs

Le rapport de l'EMCDDA fait état d'une légère augmentation du nombre de décès par overdose dans l'Union européenne : 6 800 en 2014, principalement des utilisateurs âgés entre 35 et 50 ans. Là encore, c'est l'augmentation de la disponibilité et de la pureté de l'héroïne qui est mise en cause par les auteurs du rapport. Les opiacés de synthèses sont en outre de plus en plus détournés de leur usage initial.

Selon les estimations, 1,2 million de personnes ont reçu un traitement en lien avec une consommation de drogues illicites dans l'Union européenne en 2014, dont 644 000 consommateurs d'opiacés. « L'Europe est confrontée à des problèmes de drogue de plus en plus importants, constate Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté, l'offre et la demande de nouvelles substances psychoactives, de stimulants, d'héroïne et d'autres opiacés continuent d'augmenter. »

Émergence du « slamming »

Certains pays ont signalé l'irruption un nouveau mode de la consommation par injection de méthamphétamine et de cathinones combiné à d'autres drogues dans des groupes d'hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Cette nouvelle pratique se double souvent de comportements sexuels à risque. Toutefois, les infections par le VIH des consommateurs de drogues connaissent, depuis, une diminution constante.


Source : lequotidiendumedecin.fr