« LA TENDANCE est peu à parler des dépendants aux opiacés. C’est passé de mode dans les médias mais ces drogues sont toujours là », a souligné le Dr Jean-Michel Delile, psychiatre, en marge du 2e colloque international francophone sur le traitement de la dépendance aux opioïdes à Paris. « Il ne faut pas que l’arbre de l’air du temps - les drogues de synthèse émergentes - cache la forêt », a ajouté le Dr Delile, également directeur du Comité d’étude et d’information sur les drogues (CEID, basé à Bordeaux).
Acteur de terrain de la réduction des risques, le praticien s’inquiète d’un retour des infections au VIH qui avaient disparu chez les consommateurs.
« Nous avons des inquiétudes quand on entend le discours de la MILDT (mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) qui dit que les héroïnomanes ne sont plus un problème », a renchéri le Dr William Lowenstein, addictologue et directeur de la clinique Montevideo à Paris. Auditionné fin octobre à l’Assemblée nationale, le président de la Mission, Étienne Apaire avait déclaré : « Dans le débat actuel sur les salles de shoot, ce qui frappe, c’est que tout le monde est persuadé que la drogue importante dans notre pays est l’héroïne. Or l’héroïne est devenue, non pas quelque chose d’anecdotique, mais un produit qui n’est plus consommé que par environ 70 000 personnes dans notre pays. » Or, selon le Dr Lowenstein, membre du bureau du Conseil national du sida, il y a environ 300 000 usagers d’héroïne en France, dont 180 000 à problèmes. Parmi ces derniers, 120 000 sont pris en charge par des médicaments de substitution.
De plus, la question des salles de consommation supervisées est un « chiffon rouge », déplore le Dr Delile, rappelant qu’elles ne sont envisagées que pour quelques milliers de toxicomanes les plus précarisés et en dehors de tout dispositif de soins.
La réduction des risques « montre que petit à petit on arrive à mettre en œuvre des réponses d’intensité et de modalités différentes, sans qu’elles s’opposent », a conclu Jean-Pierre Couteron, président de l’ANITEA (Intervenants en toxicomanie et addictologie), citant les traitements de substitution, les communautés thérapeutiques, les programmes de sevrage et, à l’étranger, les salles de consommation.
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