Hausse du prix du tabac

Les produits destinés aux jeunes relativement épargnés

Publié le 11/11/2009
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Crédit photo : AFP

DEPUIS le 9 novembre, le tabac coûte plus cher, environ 30 centimes par paquet de cigarettes. C’est la première hausse depuis août 2007 mais, au grand dam des militants de la lutte contre le tabagisme, elle n’est que de 6 % et non renouvelable, alors qu’ils souhaitaient, et Roselyne Bachelot aussi, 10 % par an plusieurs années de suite. Le produit de cette augmentation sera réparti proportionnellement entre l'État (80 %), les fabricants (entre 11 et 12 %), les buralistes (6 %) et le distributeur de tabac (Altadis Distribution).

Prévue à l’origine pour le 5 octobre, l’augmentation avait été repoussée par le ministre du Budget, Éric Woerth, chargé d'homologuer les prix. Il voulait s'assurer que les augmentations demandées par les fabricants de cigarettes étaient « compatibles » avec le plan Cancer. Objet de vifs débats, jusqu'au sein de l'UMP, où certains l'espéraient plus marquée, cette hausse a été défendue par Nicolas Sarkozy lors de la présentation du plan, le 2 novembre, le président estimant qu' « en période d'inflation nulle, c'est une forte progression ». « Une hausse de 6 % permet de lutter contre la consommation de tabac et de préserver un certain nombre d'intérêts, je pense à ceux des buralistes », avait déclaré M. Woerth devant les députés. La hausse avait été votée le 30 octobre par l'Assemblée nationale dans le cadre du PLFSS.

Lobbying.

L’OFT (Office français de prévention du tabagisme), qui a épluché la liste des nouveaux prix dans le « Journal officiel » du 7 novembre, relève que, dans une hausse globale de 5,95 %, le prix des tabacs destinés aux jeunes a augmenté moins que les autres : les cigarettes dites « bonbons » (parfumées, roses ou noires), « qui sont au tabac ce que sont les premix à l’alcool », ont augmenté de moins de 5 %, alors qu’elles étaient censées être dans le collimateur du gouvernement, et le prix du tabac à narguilé, très apprécié, selon l’OFT, chez les moins de 16 ans et déjà peu cher, est resté stable. En outre, le prix du tabac à rouler a augmenté dans de moindres proportions (1,23 centime par gramme contre 1,84), alors qu’il est le plus toxique.

Pour l’OFT du Pr Dautzenberg, cette augmentation « a tous les caractères d’une mesure commerciale de l’industrie du tabac, résultant d’un lobbying intense » puisqu’elle « réussit à élever les prix de vente à un niveau acceptable par les fumeurs de façon qu’ils ne diminuent pas leur consommation ». L’OFT demande que ce soit le ministre de la Santé et non celui en charge du Budget qui pilote le contrôle des prix du tabac.

Pour l’instant, il faut se contenter des promesses du plan Cancer 2009-2013, dont l’un des objectifs est de réduire la prévalence du tabagisme de 30 à 20 %. Outre l’interdiction de la vente de tabac sur Internet, mesure qu’il faudrait mettre en œuvre sans délai, selon l’OFT, il est prévu de renforcer l’aide au sevrage, en faisant passer la prise en charge des substituts nicotiniques et de certains médicaments à 150 euros pour les femmes enceintes et les bénéficiaires de la CMU, cela en 2010.

L’OFT rappelle que le tabac fait 66 000 morts par an et que dans la lutte contre la maladie tabagique, la France se situe en 21 e position sur 27 en Europe.

RENÉE CARTON

Source : lequotidiendumedecin.fr