Altérations pulmonaires dues au tabac

L’inhibition d’un facteur de croissance réduit l’inflammation

Publié le 24/03/2010
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LA NOUVELLE vient d’Australie, de Melbourne précisément, où une équipe de chercheurs vient d’inhiber un agent responsable de l’inflammation pulmonaire chez le fumeur. La fumée de cigarette déclenche la libération d’un facteur de croissance, le GM-CSF (facteur stimulant les colonies de granulocytes macrophages). Et son blocage pourrait réduire, voire prévenir, les phénomènes inflammatoires qui sous-tendent la BPCO et d’autres affections respiratoires (non cancéreuses).

En effet, les phénomènes inflammatoires pulmonaires peuvent aboutir à un stress oxydatif, un emphysème, une fibrose des petites voies aériennes, une hypersécrétion de mucus et une diminution progressive de la ventilation. En l’absence de réponse aux anti-inflammatoires classiques, Ross Vlahos et coll. se sont interrogés sur une autre voie thérapeutique. Ils se sont tournés vers le GM-CSF connu pour son rôle dans la pathogénèse de la BPCO via l’activation des leucocytes. Outre le GM-CSF, la cigarette contribue à la libération de cytokines et de chimiokines qui favorisent l’accumulation pulmonaire de cellules inflammatoires.

Le blocage du GM-CSF.

Ces cellules, enfin, libèrent des protéases, comme la métalloprotéase MMP-12, responsables de la destruction pulmonaire au cours de l’emphysème. Comme on le voit, freiner l’inflammation est porteur d’espoir chez les fumeurs. C’est pourquoi l’équipe australienne a tenté le blocage du GM-CSF chez des souris afin d’en tester l’efficacité préventive.

Deux lots de souris ont été sélectionnés. L’un recevait un anti-GM-CSF, l’autre servait de témoin. Tous les rongeurs ont été soumis à l’équivalent de 9 cigarettes par jour pendant quatre jours. À ce terme, leurs poumons ont été examinés. La molécule testée a réduit considérablement l’infiltration cellulaire des poumons. Elle a inhibé la libération de Tumor Necrosis Factor alpha (TNF alpha), une cytokine pro-inflammatoire ; d’une chémokine, MMP-12, qui coordonne les déplacements des leucocytes dans les poumons, et, enfin, de MMP-12.

Les chercheurs en concluent que le traitement a significativement réduit le niveau d’inflammation pulmonaire. La neutralisation du GM-CSF ouvre une nouvelle voie de recherche thérapeutique contre les conséquences non cancéreuses du tabagisme.

American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 18 mars 2010.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8735