L’OFT préconise l’e-cigarette pour les gros fumeurs

Publié le 30/05/2013
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L’E-CIGARETTE pourrait-elle intégrer la panoplie des outils de sevrage ? Les experts de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), présidé par le Pr Bertrand Dautzenberg*, ont rendu un rapport nuancé sur la cigarette électronique (ou e-cigarette) mardi 28 mai au ministère de la Santé. Inventée en Chine en 2005, elle est utilisée régulièrement par 1 % des Français. Elle représente un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros.

En l’absence de connaissances approfondies, les experts se veulent prudents mais émettent 28 recommandations « provisoires » pour ne pas laisser les Français « sans protection à la merci du marché ».

Ils recommandent de ne pas interdire l’utilisation de l’e-cigarette, avec ou sans nicotine, ni même d’en freiner l’accès. Elle « devrait en théorie contribuer à une réduction des risques » chez les fumeurs dépendants au tabac. « Pour un gros fumeur, ce sera toujours mieux », résume le Pr Dautzenberg. La cigarette électronique ne libère pas de monoxyde d’azote ni de particules solides, elle ne présente pas de taux significatif de substances cancérigènes, à la différence de la fumée de tabac.

Interdiction aux mineurs

L’OFT demande en revanche l’interdiction de l’e-cigarette aux mineurs, et son éviction des endroits publics où la cigarette est déjà interdite, non par précaution sanitaire mais pour donner l’exemple.Il est impossible de faire la différence à l’œil nu entre un produit avec et sans nicotine. « Même sans, elle pourrait constituer une incitation à fumer ». Ils déconseillent son utilisation par les femmes enceintes et appellent à la « vigilance » face à une utilisation prolongée.

Les experts veulent réglementer son accès. Les cigarettes qui n’ont pas d’AMM (et ne sont pas vendues en pharmacies) ne devraient pas être en vente libre dans les supermarchés, mais seulement disponibles dans des établissements agréés. Celles-ci devraient en outre avoir une teneur maximale en nicotine de 18 mg/ml, et non 20 mg/ml comme c’est le cas aujourd’hui.

L’OFT se prononce pour l’interdiction de la publicité en faveur de la e-cigarette. Les experts émettent enfin plusieurs recommandations en faveur d’un meilleur étiquetage (affichage sur tous les emballages de la composition précise des e-liquides et de la concentration en nicotine). Ils souhaitent que les fabricants soient obligés de déclarer la liste des arômes et ingrédients utilisés et qu’un avertissement sanitaire accompagne la e-cigarette.

*Professeur de pneumologie et tabacologue à Paris (GHU Pitié Salpêtrière-Charles Foix et UMPC Paris 6).

C. G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9246