Femmes enceintes et addictions

Objectif : 100 maternités sans tabac

Publié le 10/05/2011
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Crédit photo : BSIP

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LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN - Pouvez-vous nous décrire la situation concernant la problématique grossesse et tabac ?

Pr MICHEL DELCROIX - Les chiffres sont éloquents. La France est le pays d’Europe où la prévalence du tabagisme durant la grossesse est la plus élevée, avec 22 % des femmes, où la mortalité in utero est parmi les plus fortes et où la prévalence de l’allaitement maternel est la plus faible. Pourtant, nous avons organisé à Lille, en octobre 2004, avec divers partenaires, une conférence de consensus maternité et tabac qui a abouti à l’écriture de recommandations professionnelles pour que les femmes aux prises avec des addictions soient mieux dépistées, mieux prises en charge et mieux traitées. Ces recommandations n’ont pas été mises en œuvre ces dernières années, parce que les lobbies des cigarettiers sont puissants, au sein même des ministères. Mais grâce aux recommandations que nous avons prônées, on sait qu’il est possible de changer les choses, comme cela a été le cas dans certaines maternités.

Que constate-t-on comme effets sur les enfants lorsque les futures mères fument ou prennent du cannabis ?

La première complication due au tabac, c’est le retard de croissance des enfants et, notamment, le petit poids de naissance. En France, le nombre d’enfants qui naissent avec un poids inférieur à 1 500 g est trois fois plus élevé aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Ce qui signifie des risques d’infirmité cérébrale plus importants. D’autres effets peuvent exister, comme le risque d’accouchements prématurés. Pour éviter cs complications, il faut mettre en place des mesures de sensibilisation et de prise en charge globale des consommations à risque initiées par le tabac.

Que proposez-vous pour accompagner les femmes enceintes ?

On peut proposer la méthodologie, le kit complet et tous les médicaments qu’on peut prescrire à ces femmes pendant la grossesse : appareil pour dépistage précoce avec mesure du CO expiré, aide à l’arrêt par la prescription adaptée de substituts nicotiniques, réunions d’information, documentation sur les dangers du tabac et les possibilités de sevrage, etc. Dans de nombreux cas, on n’a pas besoin d’une équipe spécialisée pour accompagner ces femmes vers l’arrêt du tabac et une meilleure santé mais de professionnels formés pour une prise en charge globale pendant les consultations habituelles. Et les résultats sont là avec ce type de prise en charge : on a deux fois plus de femmes qui arrêtent de fumer. On a aussi un dossier labellisé maternité sans tabac que tous peuvent utiliser.

Quels sont vos objectifs avec ce congrès ?

Nous allons, avec le soutien du ministère, soutenir les équipes les plus volontaires, comme nous le faisons ici à Marseille, pour réaliser l’action « 100 maternités sans tabac ». C’est ce que doit dire Nora Berra, quand elle viendra remettre les prix vendredi prochain avec le Dr Gérard Kouchner. En région PACA, ce projet a déjà reçu le soutien de l’AP-HM, de l’ARS-PACA, et du conseil régional, qui soutient l’action de formation sur l’École de maïeutique à Marseille.

*Association périnatalité prévention recherche information.

PROPOS RECUEILLIS PAR HÉLÈNE FOXONET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8959