Opioïdes : + 20 % de décès en 5 ans dans l'OCDE, la France moins touchée

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Publié le 21/05/2019
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Crédit photo : PHANIE

L'épidémie de décès liés à la consommation d'opioïdes continue de ravager une partie des pays développés. Entre 2011 et 2016, le nombre de décès causés par un mésusage d'antalgiques opiacés a bondi de 20 %, selon un nouveau rapport de l'OCDE. Les États-Unis font la course largement en tête, avec 131 décès par an et par million d'habitants en 2016 contre 74 par million en 2011. Le Canada connaît aussi un taux très élevé de décès : 85 par millions en 2011, et 118 en 2018, soit environ 5 000 décès par an.

La Suède, la Norvège, l'Irlande, l'Angleterre et le Pays de Galles complètent le peloton de tête des pays où l'épidémie est très active. Selon les constatations des auteurs du rapport, cette épidémie trouve ses origines dans l'accroissement du nombre de prescriptions de fentanyl et de ses analogues. Les réseaux mafieux ont, dans certains pays, pris le relais des prescripteurs, et proposent leur propre fentanyl de synthèse.

La France, bon élève

La France fait en revanche parti des bons élèves, avec un taux de décès de « seulement » 3 par million et par an, stable depuis 2011. Lors d'un entretien accordé au « Quotidien », le Pr Nicolas Authier, directeur de l'Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA) avait insisté sur la différence entre la crise sanitaire observée aux États-Unis et la situation mieux maîtrisée en France. Le nombre d'hospitalisations pour surdosage a toutefois plus que triplé en France entre 2004 et 2017 (2 586 hospitalisations/million d'habitant en 2017), de même que le nombre de décès.

« Ce sont les plus vulnérables qui sont les plus touchés par l'épidémie de mésusage des opioïdes », a déploré la directrice du cabinet de l'OCDE Gabriela Ramos lors de la présentation de ces résultats. En Europe, la majorité des décès concernent des hommes, mais aux États-Unis, la consommation d'opioïdes augmente aussi chez les femmes enceintes, en particulier dans les milieux modestes.

La présence de troubles psychiques constitue également un facteur de risque important, puisque les patients qui en souffrent consomment en moyenne deux fois plus d'opioïdes que la population générale. La population carcérale est également particulièrement vulnérable, puisque le taux de dépendance aux opiacés y est de 30 % en moyenne dans les pays de l'OCDE. Les auteurs du rapport plaident pour que les gouvernements musclent leurs législations en matière de prescription, améliorent la prise en charge du mésusage et de la dépendance.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr