Lutte contre le tabagisme

Service minimum pour Xavier Bertrand

Publié le 01/06/2011
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Crédit photo : AFP

EN VISITE lundi matin au service tabacologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), Xavier Bertrand a annoncé une poignée de mesures à la veille de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai. Relativement développée en tant qu’alternative à la cigarette classique, la cigarette électronique sera désormais totalement bannie des officines, comme cela devrait déjà être le cas. Comme le rappelle l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), « les cigarettes électroniques ne peuvent être vendues en pharmacies car elles ne figurent pas sur la liste des produits dont la délivrance y est autorisée ». Dans une évaluation, l’Agence constate que la substance inhalée par l’utilisateur de cigarette électronique peut « contenir des quantités de nicotine susceptibles d’entraîner une exposition cutanée ou orale accidentelle, avec des effets indésirables graves », notamment chez les enfants. De plus, à l’instar de la cigarette classique, la version électronique « expose les utilisateurs qui n’étaient dépendants ni aux cigarettes, ni à la nicotine, à un risque de dépendance primaire ». Attendue depuis longtemps, l’augmentation de 50 à 150 euros du forfait annuel pour aider les femmes enceintes à arrêter de fumer verra le jour « dès septembre », a promis Xavier Bertrand. « Aller plus loin sur la question des remboursements n’est pas pour moi un tabou », renchérit le ministre.

Pas de hausse de prix.

Un groupe de travail doit par ailleurs être installé avant la mi-juillet pour réfléchir d’ici à l’automne sur la nouvelle orientation à insuffler pour une politique antitabac plus efficace et « casser la spirale inflationniste de la consommation de tabac en France ». Xavier Bertrand le reconnaît, « les chiffres 2010 sur la consommation de tabac sont mauvais ». Après une baisse observée entre 2000 et 2005, les premiers résultats du Baromètre santé de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) témoignent d’une augmentation de 2 % des fumeurs réguliers entre 2005 et 2010 (de 27,1 % à 29,1 %). « Si il n’y a pas aujourd’hui une nouvelle dimension, une nouvelle étape dans la lutte contre le tabagisme, cette tendance va perdurer », estime-t-il. « Les mesures les plus spectaculaires, les plus importantes ont déjà été prises », tempère toutefois le ministre. Xavier Bertrand ne s’est pas prononcé en faveur d’une hausse prochaine du prix des cigarettes. « Je ne suis pas favorable à faire payer de nouveau les consommateurs » déclare-t-il. En revanche, taxer davantage l’industrie du tabac sans aucune répercussion sur les prix, reste selon lui envisageable. Sa priorité du moment reste la lutte contre les ventes transfrontalières et la contrebande de tabac, « préalable » avant toute éventuelle augmentation de prix. « Si l’on augmente dès à présent les tarifs, on va avant tout favoriser la contrebande et les ventes transfrontalières », prévient Xavier Bertrand, qui souhaite aussi s’assurer que la législation antitabac en vigueur soit bien respectée « sans exception » sur notre territoire. « Il y a des endroits où il y a un relâchement », constate-t-il. Une circulaire ministérielle, plusieurs fois annoncée et toujours « en cours de finalisation », sera signée « prochainement ». Elle doit en principe renforcer l’application de la loi sur le terrain, en matière d’interdiction de fumer dans les lieux publics ou de vente de cigarettes aux mineurs.

Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) les quelques annonces de Xavier Bertrand relèvent du « service minimal ». Selon lui, « le problème de fond, c’est que le ministère de la Santé a actuellement un pouvoir limité dans le domaine du tabac au sein du gouvernement, contrairement à Bercy ».

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8975