Hypnose contre la douleur

Un engouement qui ne cesse de croître

Publié le 12/11/2012
Article réservé aux abonnés
1352686607387900_IMG_93448_HR.jpg

1352686607387900_IMG_93448_HR.jpg
Crédit photo : S TOUBON

PLUS DE CINQ CENTS personnes ! Sans compter plusieurs dizaines qui ne s’étaient pas inscrites au préalable sur internet : la conférence sur « l’hypnose dans la lutte contre la douleur » organisée pour la première fois au Grand Amphithéâtre de l’Université Lyon 2 par la Fondation Apicil, a connu un succès inattendu. Pas au point, toutefois, de surprendre Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation, qui a bien vu, depuis deux ou trois ans « monter, d’un côté, la curiosité et l’engouement du public, de l’autre la forte demande de formation des soignants, d’abord des infirmières puis des médecins, notamment des anesthésistes ». Selon le Dr Antoine Bioy (Institut français de l’hypnose), cet intérêt partagé pour l’hypnose témoigne qu’une étape a été franchie. « Depuis les premières images cérébrales du début des années 1990, puis les études scientifiques publiées dans les années 1993-1999, public et médecins ont compris que la question n’est plus de croire ou non à l’hypnose, mais bien : comment l’utiliser au mieux ? »

« Participation » du patient.

Outre son aspect « non-médicamenteux », l’hypnose est intéressante pour le patient parce qu’elle ne constitue qu’une déviation de son attention, insiste le Dr Bioy : il n’est pas endormi, continue à percevoir ce qui se passe dans la pièce, et conserve son autonomie. C’est à ses ressources propres que le thérapeute fait appel pour l’aider à « se projeter dans un ailleurs ». L’hypnose entraîne ainsi une modification de la perception de la réalité, utilisée dans un but de soin : elle joue sur « le « sentiment de douleur », qui n’est « qu’une perception pour le cerveau, tout comme un bruit, un son ». Elle a également l’avantage d’autoriser « une interaction entre patient et praticien, ajoute le Dr Chantal Wood, pédiatre (hôpital Robert Debré), le patient appréciant cette capacité de rester actif : il peut continuer à vivre l’instant présent ». Pourquoi un patient va-t-il développer une douleur neuropathique, et tel autre pas, après la même intervention ? « Dans le premier cas, commente le Dr Wood, la perception de la douleur s’est intensifiée au point de devenir insupportable. Tout l’enjeu est de modifier cette perception pour rendre la douleur acceptable. » L’hypnose est désormais utilisée en routine dans les douleurs de l’accouchement, des voies veineuses, des ponctions lombaires, mais aussi les phobies des soins (peur des aiguilles), les douleurs post chirurgicales, les suites de réparations de scoliose … Les services d’obstétrique qui la proposent pour accompagner les patientes, explique la pédiatre, sont d’ailleurs de plus en plus nombreux, y compris « pour la gestion de l’anxiété et du stress ».

Cet engouement croissant ne doit toutefois pas faire oublier deux conditions essentielles, selon les deux médecins : formation des soignants et évaluation doivent impérativement demeurer la règle. Quant aux douleurs rétives, il ne faut pas que les « consultations hypnose » viennent en dernier recours, sortes de « consultations balais de la dernière chance alors que l’hypnose est aujourd’hui l’une des armes antidouleur à part entière », conclut le Dr Wood.

 GÉRARD CLAVAY

Source : Le Quotidien du Médecin: 9187