PARCE QU’ELLE est prospective, parce qu’elle s’appuie sur de très grands nombres, l’étude britannique sur les complications des blocs neuroaxiaux centraux (péridurale et rachianesthésie) bouscule les notions admises. En effet, le travail publié par T.M. Cook (Bath) et coll. constate que l’incidence de complications majeures est largement surestimée. Le travail conclut à moins d’un cas de lésion permanente pour 20 000 procédures.
Sur une période d’un an tous les blocs neuroaxiaux centraux ont été enregistrés en Angleterre, Écosse, Pays de Galle et Irlande du Nord, soit 707 455 procédures. Puis tous les accidents majeurs ont été notifiés à un comité d’experts. Ils ont évalué la cause et la sévérité des complications permanentes. Ces accidents sont : les abcès ou les hématomes du canal vertébral, les méningites, les ischémies médullaires, les blessures nerveuses, les collapsus cardiovasculaires fatals et les « fausses routes ». Les deux derniers items ne font en général pas partie des complications retenues dans les autres études. Étaient considérés comme permanents les symptômes persistant plus de 6 mois.
Sur l’année d’observation, 84 complications ont été retenues par le panel d’experts, mais 52 réunissaient les critères d’inclusion. En raison de certaines imprécisions cliniques ou statistiques, les auteurs ont réalisé deux types d’analyses, l’une dite « pessimiste » et l’autre « optimiste ».
Ainsi sur le mode pessimiste, 30 lésions permanentes ont été retenues, soit une incidence de 4,2 pour 100 000 anesthésies et 13 décès ou paraplégies (1,8/100 000) leur sont attribués. En version optimiste, ces nombres passent respectivement à 14 (2/100 000) et 5 (0,7/100 000). En d’autres termes, le risque de complication permanente est estimé à une pour 23-50 000 procédures.
La chirurgie lourde.
L’analyse apporte un élément complémentaire. Lorsque le bloc est réalisé pour césarienne, les risques s’abaissent à un pour 80 000 anesthésies. À l’inverse lorsqu’une épidurale est réalisée dans un cadre chirurgical le risque s’élève à 1 pour 6-12 000. Selon les auteurs, ce fait est connu et peut s’expliquer par le motif médical justifiant une intervention et l’âge plus élevé des patients. En outre la chirurgie lourde, par les douleurs dont elle est responsable, justifie le maintien en place prolongé de l’épidurale.
Tim Cook et coll. rappellent que malgré ces données encourageantes, il ne faut pas se démobiliser et encore faire régresser ces accidents.
Br J Anæsth 2 009 ; 102 : 179-190.
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