Courrier des lecteurs

Urgences saturées : un problème uniquement financier

Publié le 10/02/2020

Abonné ancien, lecteur assidu du « Quotidien », je lis avec intérêt les articles concernant les soins urgents et tout particulièrement ceux qui ont été publiés dans « Le Quotidien » du 23 janvier 2020 et y compris le long texte de notre confrère le Dr Pierre Frances («Réalités sur l'engorgement des urgences») intervenant régulièrement dans la rubrique du courrier des lecteurs.

Pour tout ce qui concerne les flux de patients, l’organisation des soins de santé, je suis quand même très surpris qu’on ne puisse parler de cela qu’en relation avec la morale, l’éthique professionnelle, des recommandations et que sais-je encore ?

Le moteur des flux de patients est très accessoirement déterminé par les notions que je viens de citer et pour ce qui concerne les urgences qui sont encombrées, on ne peut avancer que si on fait la réflexion du coût des soins.

Pour désengorger les urgences, il y aurait un principe très simple : il suffirait que le directeur des hôpitaux publics décide, pour les patients qui viennent pour de la « bobologie », de facturer une consultation, mais de la faire payer aux patients ; elle serait bien sûr remboursée. Je suis convaincu que cette seule mesure diminuerait de façon substantielle le flux des patients aux urgences. Bien sûr, tout directeur vous dira qu’il ne peut pas le faire parce que ceci justifie la création d’un service spécialisé qui puisse lire les cartes vitale, faire les encaissements et peut-être à des heures non indues. On peut également imaginer que les services des perceptions dans les villes puissent être également sollicités.

En fait, le problème n’est pas là. Il faut simplement savoir que, pour tout passage aux urgences, l’hôpital est crédité d’une somme coquette de 220 € à peu près, alors que la facturation d’une consultation serait de 25 €. Quel directeur serait donc assez candide pour mettre en place la procédure de facturation de consultation ? Il diminuerait ses entrées par 9…

Je suis bien étonné que « Le Quotidien » et d’autres intervenants et les médias en général ou même quelques praticiens aient la naïveté d’invoquer l’obligation de la permanence des soins, l’éthique, alors que tout simplement toute cette affaire d’urgence saturée est une affaire fondamentalement financière.

Bien sûr, il est difficile de changer la mentalité d’enfants gâtés du Français moyen sans menace de révolution ou d’attentat à la vie du président de la République. Je crois donc à la valeur des démonstrations et j’attends que les médias expliquent de façon claire à tous nos citoyens le fonctionnement du système de santé et sans omettre les coûts financiers de celui-ci comme je l’ai indiqué plus haut.

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Dr Gilbert Dalstein Hépato-gastro-entérologue Thionville (57)

Source : Le Quotidien du médecin