Comment prévenir la survenue de troubles dépressifs au cours d’un cancer du sein ? Une équipe de Gustave-Roussy a pu établir le profil des patientes à risque à partir des données de la cohorte Canto constituée de femmes traitées pour un cancer du sein localisé dans 26 centres en France. Les résultats de cette enquête menée sur 9 087 patientes âgées de 20 à 85 ans, toutes suivies pendant six ans, ont été présentés à l’oral au congrès de la Société américaine d’oncologie clinique (Asco) par le Dr Antonio Di Meglio, oncologue médical à Gustave-Roussy. Une interview proposée par l’institut est disponible sur le site YouTube.
Ce travail a permis d’identifier plusieurs groupes de femmes en fonction de leurs symptômes dépressifs. « Au total, 70 % des femmes ont eu peu ou pas de symptômes dépressifs, lors du diagnostic et du traitement, au cours des six années de suivi, indique dans un communiqué de Gustave-Roussy le spécialiste chercheur au sein de l’équipe “Après cancer”. Près de 7 % des patientes présentaient déjà des troubles dépressifs au moment du diagnostic, troubles qui se sont très vite résolus après le traitement actif. En revanche, 20 % de ces femmes ont développé une dépression pendant la phase de traitement ou pendant le suivi de six ans, alors qu’elles n’avaient pas forcément de troubles dépressifs avant le diagnostic. » L’ensemble avait eu de la chirurgie, environ 90 % une radiothérapie, 82 % une hormonothérapie et 53 % une chimiothérapie. Si la phase de traitement actif est le moment le plus à risque pour l’apparition et l’aggravation des symptômes dépressifs, le type de traitement reçu n’apparaît pas comme un facteur de risque.
Âge, surpoids, faible niveau socio-économique
Cette cohorte met en évidence que les plus âgées ont un risque plus élevé de dépression, ainsi que celles en situation d’obésité ou en surpoids et celles ayant un niveau socio-économique plus faible. Étaient également plus exposées les femmes ayant des antécédents de troubles psychiatriques, rapportant déjà une plus grande fatigue, des problèmes d’anxiété, des troubles cognitifs ou encore ayant une mauvaise image corporelle d’elles-mêmes.
Pour ces femmes ayant des troubles dépressifs, il a été observé que le cancer a un retentissement plus important dans leur vie : que cet impact soit positif (davantage d’altruisme et d’empathie envers les autres, sensibilisation à la santé) ou négatif (inquiétudes professionnelles et pour les relations avec le partenaire). Des symptômes plus sévères sont décrits pendant la phase de traitement en cas de prise de poids, de consommation accrue d’alcool et/ou de réduction d’activité physique.
« Le dépistage et le suivi des symptômes dépressifs sont essentiels pour intercepter la vulnérabilité psychologique des femmes, souligne le Dr Di Meglio. Un soutien psychologique adapté ainsi que des interventions visant à atténuer les comportements à risque pour la santé comme prise de poids, sédentarité et consommation d’alcool particulièrement pendant la phase de traitement, pourraient aider à réduire les symptômes dépressifs à long terme après le traitement d’un cancer du sein. »
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