Le cancer de la prostate est, en fréquence, le second cancer chez l’homme. Et de manière générale les recommandations nutritionnelles chez les patients atteints de cancer encouragent un régime riche en légumes, fruits et céréales complètes. Pour autant, l’influence d’un tel régime sur le cancer prostatique reste discutée. De petites études suggèrent qu’un régime végétarien tend à réduire les cas, mais les données sont limitées. Quant à l’impact de l’alimentation sur le risque de récidives, il n’avait pas été exploré.
Aujourd’hui, une étude de cohorte américaine montre que les hommes ayant recours à l’alimentation la plus riche en produits d’origine végétale ont moins de chances de progresser que ceux ayant l’alimentation la plus pauvre en végétaux. À sept ans du diagnostic, leur risque de progression est quasiment divisé par deux en comparaison. « Ce qui suggère qu’à l’avenir des conseils diététiques devraient être donnés en ce sens aux patients ayant développé un cancer prostatique », concluent les auteurs.
Plus de 2000 patients issus de la cohorte Capsure
La cohorte Capsure, qui incluait des hommes atteints de cancer de la prostate non métastatique (stade ≤T3a) aux États-Unis entre 1999 et 2011, a bénéficié d’une sous-étude sur le régime alimentaire et les habitudes de vie. Les données utilisées sont celles recueillies auprès de plus de 2000 sujets atteints de cancer prostatique, recrutés dans les 43 centres participants. Tous ces patients ont rempli un questionnaire diététique détaillé entre 2004 et 2016. Soit à 31 mois en moyenne après leur diagnostic.
Il s’agit essentiellement de patients blancs (95 %), dont l’âge médian au diagnostic était de 65 ans. Ils ont été suivis plus de 6 ans après le questionnaire — soit quasi 7 ans après le diagnostic — période au cours de laquelle 190 sujets ont progressé (récidivé) et 61 sont morts. Le critère primaire est la progression (récidive, traitement de seconde ligne, métastases osseuses et mortalité spécifique par cancer prostatique).
Impact net du quintile de consommation en produits végétaux
Les habitudes alimentaires ont été cotées au moyen de deux indices :
- L’indice PDI (plant-based diet index), qui quantifie la portion de végétaux dans l’alimentation.
- L’indice hPD (health-full plant-based diet index), qui rend compte de leur qualité nutritionnelle; cet indice exclut, à la différence du premier, certains aliments tels les jus de fruits, pommes de terre, céréales raffinées…
Résultat : les hommes consommant le plus de végétaux dans l’indice PDI ont moins souvent progressé que ceux en consommant peu. Au terme du suivi, le risque de progression est significativement réduit de 47 % dans le quintile PDI le plus élevé, comparativement au risque de progression observé dans le quintile PDI le plus bas (RR = 0,53 [0,37-0,81]).
En revanche, l’impact est moins net quand on se réfère à l’indice hPD. Globalement, l’indice n’est pas associé à un risque de progression. Néanmoins, quand on se restreint aux patients à haut risque présentant un score de Gleason supérieur ou égal à 7, on retrouve un effet du régime alimentaire. Dans ce sous-groupe, les sujets présentant l’indice hPD le plus élevé (quintile supérieur) ont un risque de progression à nouveau significatif, de l’ordre de la moitié. Soit moins 55 % (RR = 0,4 [0,25-0,81]).
VN Liu et al. Plant-Based Diets and Disease Progression in Men With Prostate Cancer. JAMA Netw Open. 2024;7(5):e249053.
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