Lors de la journée d'ouverture des Journées francophones de radiologie (JFR) qui s'achèvent ce lundi à Paris, le Dr Suzette Delaloge, chef du comité de pathologie mammaire à Gustave-Roussy (IGR, Villejuif) a présenté le dispositif de diagnostic du cancer du sein en un jour mis en place à Villejuif depuis 2004.
« Au départ, notre projet était très critiqué, explique le Dr Suzette Delaloge. C'était révolutionnaire et beaucoup craignaient de générer beaucoup d'angoisse. En réalité, le diagnostic en un jour est pertinent, en particulier dans le contexte des faux positifs. » Si la lésion s'avère bénigne, les femmes repartent soulagées le jour-même. Lorsque le diagnostic de cancer est porté, une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) permet de proposer à la patiente un projet thérapeutique.
Réunir toutes les compétences indispensables
Depuis sa création, plus de 14 000 femmes ont été prises en charge dans cette structure d'accueil en un jour. Tous les lundis, la structure reçoit en moyenne une trentaine de femmes, dont 80 % résident en région parisienne. Le rendez-vous est obtenu en 14 jours maximum.
Créé initialement pour le diagnostic des lésions symptomatiques, le concept a été élargi à l'ensemble des lésions suspectes découvertes dans le cadre du dépistage organisé (DO). « Il s'agit aujourd'hui pour 70 % d'entre elles de lésions non palpables », explique le Dr Delaloge.
Dans un même lieu est réunie une équipe multidisciplinaire : oncologue, séno-chirurgien, radiologues, cytopathologistes, infirmières, assistantes et bénévoles. Des psychologues et travailleurs sociaux sont mobilisables si besoin. « Le gros challenge est de réunir les compétences indispensables, explique Suzette Delaloge. Notamment pour la biopsie guidée par imagerie ou encore l'angiomammographie, qui donne des images comparables à l'IRM. Nous avons l'avantage d'être un gros centre avec beaucoup de ressources. Il faut être rapide, efficace, éviter les actes inutiles et rester à l'écoute et bienveillants. »
Des lésions bénignes dans plus de la moitié des cas
« Une femme passe en moyenne 6 heures avec nous, décrit Suzette Delaloge. À la fin de la journée, un diagnostic est délivré avec, si besoin, la prise en charge adaptée. Dans notre étude publiée récemment dans l'"European Journal of Cancer" sur 10 602 femmes prises en charge entre 2004 et 2012, les lésions bénignes représentent 56 % des diagnostics initiaux et les lésions malignes 36 %. »
Dans 75 % des cas, un diagnostic exact a pu être donné dans la journée. La sensibilité était de 98,4 %, la spécificité de 99,8 %, la valeur prédictive positive de 99,7 % et la valeur prédictive négative de 99,0 %. Le coût médian de la procédure est de 420 euros. Le concept de diagnostic en un jour s'est développé en France dans plusieurs établissements et peut être adapté dans d'autres pathologies, notamment thyroïdiennes.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?