Cancer et fertilité : un premier bébé né après vitrification ovocytaire à Marseille

Publié le 19/01/2016
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Crédit photo : S. TOUBON

Un premier bébé est né en France, après vitrification ovocytaire dans le cadre d’une plateforme Cancer et Fertilité, créée par le réseau régional Onco-PACA-Corse.
Il s’agit d’une première en France qui peut en appeler beaucoup d’autres.

Une petite fille, Élise, est née le 19 décembre dernier à Carpentras, grâce à une vitrification ovocytaire, utilisée pour préserver la fertilité d’une femme soignée pour un cancer. C’est seulement la 6e naissance dans le monde, réalisée dans ce cadre, avec cette technique.

Collaboration des équipes

Et la première, donc, à Marseille pour la plateforme Fertilité et Cancer, portée depuis 2012 par le Réseau régional oncoPACA-Corse. « C’est un formidable espoir pour toutes les femmes concernées, explique Michèle Pibarot, coordinatrice de ce réseau. Cela montre surtout toutes les possibilités médicales que nous avons dans les dispositifs d’accompagnement comme cette plateforme pour la préservation de la fertilité et l’accès à la procréation dans le cadre d’un cancer. »

La naissance de ce bébé est le résultat d’une remarquable collaboration entre les acteurs de soins en oncologie médicale et les équipes prenant en charge la préservation de la fertilité : Les Drs Blandine Courbiere, Jacqueline Saïas-Magnan et Jeanne Perrin du Centre clinico-biologique d’assistance médicale à la procréation de l’Hôpital de La Conception - CECOS de Marseille (AP-HM), le pôle Femmes Parents Enfants (AP-HM) et l’équipe d’onco- hématologie de l’Institut Paoli-Calmettes Tous ont œuvré pour prendre en compte la demande de Céline, une jeune professeur de mathématiques du Vaucluse.

Accès à la préservation de la fertilité

Céline a appris sa maladie, le lymphome de Hodgkin, en 2013 et a très vite pris la mesure des conséquences sur son désir de grossesse. « J’avais 29 ans et envie d’un enfant. Après le choc de l’annonce, personne ne me parlait de rien, et surtout pas de la possible stérilité après les traitements. Ce n’était pas la priorité du médecin, il ne savait déjà pas s’il allait me sauver, il ne fallait pas que je demande plus. Mais je n’ai eu de cesse d’avoir une réponse à ce sujet », raconte-t-elle. La jeune femme ne renonce pas et décide de venir à Marseille à l’Institut Paoli Calmettes où une oncologue lui parle enfin de cette plateforme Fertilité et Cancer.

Mise en place en mai 2012, conformément au plan cancer 2, la plateforme, qui intervient auprès des patients et des professionnels de santé, propose de « systématiser l’accès à la préservation de la fertilité dès la phase d’annonce ».

« Il s’agit d’offrir aux patients les mêmes possibilités d’accès à la préservation de la fertilité avant traitement oncologique potentiellement stérilisant, quel que soit leur lieu de prise en charge, en PACA ou en Corse, dans des délais compatibles avec la prise en charge oncologique, par une équipe pluridisciplinaire dédiée », rappelle Michèle Pibarot.

Deux embryons

Après la phase d’accueil et d’information, Céline a été « tout de suite orientée vers le Cecos (centres d’études et de conservation des oeufs et du sperme) » où on lui propose avant le traitement cancéreux, de congeler des ovocytes dans l’azote liquide à - 196°C, en utilisant la vitrification (congélation ultrarapide) autorisée depuis 2011. Une fois le cancer guéri, après 5 mois de chimio très agressive et 15 mois d’attente, ses ovocytes ont été dégelés puis fécondés.

« Les deux embryons obtenus ont été implantés, et cela a abouti à une grossesse dès la première tentative », explique le Dr Courbière, gynécologue obstétricienne à l’APHM. Elle tempère cependant : « On a eu la chance des débutants ! Mais attention, toutes les femmes ne peuvent pas en bénéficier : il faut que la pathologie s’y prête et que la chimio puisse être retardée pour permettre la stimulation ovarienne. »

Une formation en 2016 en onco-fertilité

Il n’empêche. C’est un formidable espoir pour toutes les femmes qui ont un cancer remettant en cause leur fertilité. « Je trouve que cela devrait se développer sur d’autres territoires, lance Céline, et que l’information circule entre oncologues et gynécologues, les patientes aussi devraient toujours être informées. »

Une plateforme téléphonique pour les professionnels, un site Internet dédié, des fiches de liaison et une communication au travers des congrès, tout est fait pour développer l’information à ce sujet. En 2016, le réseau Onco-PACA-Corse lancera également une formation pour les professionnels des établissements de PACA et Corse pour devenir des référents en onco-fertilité.

De notre correspondante Hélène Foxonet

Source : lequotidiendumedecin.fr