Cancer et obésité : les nombreuses façons dont le tissu adipeux intervient sur le cancer

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Publié le 01/09/2017
cancer obesite

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Crédit photo : S. Toubon

Dans une revue de la littérature parue dans « Cancer Prevention Research », Cornelia M. Ulrich et coll. se sont penchés sur les liens entre obésité et cancers. Parmi les études publiées entre janvier 1946 et mars 2017, 4 641 ont été identifiés dont 20 études cliniques (portant sur le cancer du sein, le cancer colorectal, de l’œsophage, de l’endomètre ou encore de la prostate). Elles montrent que différents mécanismes sont impliqués, qui varient selon les cancers, selon le type de masse graisseuse et sa localisation dans le corps.

Trois types de graisse

Il existe en effet trois types de graisse différents : blanche, brune et beige. Et l'étude révèle que chacune agit différemment et est présente en différentes quantités à différentes localisations. Par exemple, la masse graisseuse blanche est associée à l’inflammation, et dans le cancer du sein, à un pronostic aggravé. Le tissu adipeux viscéral (graisse blanche) joue ainsi un rôle central dans la cancérogenèse et présente davantage de risque que le tissu adipeux sous-cutané.

« Ce type de recherche sur obésité et cancer vient d’observations cliniques : une première grande étude dans le "New England Journal of Medicine", en 2003, avait ainsi montré qu’aux États-Unis, 15 % et 20 % de la mortalité par cancer (chez les hommes et les femmes respectivement) était liée à l’obésité », rappelle Catherine Müller-Staumont, professeur à l’université de Toulouse, chef d’équipe « Microenvironnement, Cancer et Adipocytes » et responsable du département « Biologie du cancer » à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS UMR 5089) donne son éclairage sur cette étude américaine pour « le Quotidien », montre les avancées dans ce champ de recherche, et les questions encore en suspens…

Mais deux situations différentes existent : d’abord, l’augmentation du risque de cancer du fait de l’obésité (qui concerne en particulier le cancer du sein post-ménopausique, le cancer de l’utérus et celui de l’œsophage) ; puis l’aggravation du pronostic de certains cancers chez les personnes obèses (cancer du sein, mais indépendamment de la ménopause cette fois-ci ; et de la prostate).

« L’étude de "Cancer Prevention Research" montre d’abord qu’il existe plusieurs mécanismes par lesquels l’obésité agit sur le cancer, par exemple l’inflammation, mais aussi la production d’œstrogènes par le tissu adipeux dans le cancer du sein, ou encore par des échanges d’énergie entre tissu adipeux et cellules cancéreuses », précise le Pr Müller-Staumont.

Des questions sur le plan médical

« Il faut considérer les patients obèses comme à risque de cancer, mais cela ne répond pas à toutes les questions : par exemple, un traitement anti-inflammatoire serait-il utile chez des patients atteints de cancer ? Et s’il a été montré que la chirurgie bariatrique diminuait le risque de cancer, la perte de poids améliore-t-elle aussi le pronostic ? De nombreuses études cliniques sont en cours sur le sujet », indique le Pr Müller-Staumont.

Développer la masse maigre

L’étude américaine permet de commencer à identifier certaines cibles de traitements et souligne l’importance de garder un poids sain (même si un excès de masse graisseuse peut se trouver autour des organes internes, même chez des personnes minces). « Régime sain et exercice physique permettent de favoriser la masse maigre, ce qui aiderait à lutter contre le développement de la masse graisseuse en excès », conclut Cornelia Ulrich, auteure principale de l’étude.


Source : lequotidiendumedecin.fr