La participation aux dépistages organisés du cancer du sein (50,6 % en 2021) et du cancer colorectal (34,6 % pour la période 2020-2021) reste en deçà des taux atteints par nos voisins et des recommandations européennes (au moins 70 % pour le cancer du sein et 45 % pour le cancer colorectal). C'est le constat de deux études publiées ce 11 juillet dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France (SPF).
Pour le cancer du sein, le programme national de dépistage organisé a été généralisé à l’ensemble du territoire français en 2004-2005. Jusqu’en 2012, la participation nationale était croissante jusqu'à atteindre un « pic autour de 52 % », avant de décliner progressivement à 48,5 % en 2019.
L’année 2020 a été marquée par une chute de la participation à 42,6 %, avant un rebond en 2021 à 50,6 %. Mais, « si la participation de l’année 2021 a en partie compensé le déficit de l’année 2020, celle de la période 2020-2021 reste inférieure à celle de la période 2018-2019 », est-il relevé.
Un dépistage opportuniste du cancer du sein difficile à mesurer
Des variations sont observées selon un gradient géographique avec des « niveaux de participation les plus élevés sur un axe allant de la Bretagne à la région Auvergne Rhône-Alpes » et une participation « très faible » en Île-de-France et dans le Sud-Est. En 2020-2021, le recours au dépistage s’établissait ainsi de 21,4 % en Guyane à 53,6 % dans le Centre-Val de Loire. Globalement, une faible participation est constatée dans les grandes villes et dans les territoires défavorisés.
La participation varie aussi selon l’âge, les femmes de 60 à 69 ans étant les plus engagées. « Cela pourrait s’expliquer par un glissement progressif du dépistage opportuniste vers le dépistage organisé avec l’âge, puisque sur la période 2016-2017, il a été estimé que le recours total au dépistage variait peu entre 50 et 69 ans, mais que le dépistage opportuniste baissait sensiblement sur cette tranche d’âge », est-il observé.
La moindre participation des 70-74 ans peut quant à elle s’expliquer par « l’avancée en âge et les problèmes de santé associés » qui éloignent du dépistage. Aussi, un pic d’incidence du cancer du sein étant observé un peu avant 70 ans, les femmes touchées sont exclues du dépistage mais restent comptabilisées dans la population cible, impactant la tendance globale sur cette tranche d’âge.
Selon une étude de 2022, publiée dans « Cancer Epidemiology », la prise en compte du dépistage opportuniste (10,6 % des 50-74 ans en 2016-2017,selon le Système national des données de santé) atténue les variations géographiques. « La cartographie du recours total au dépistage est alors très différente, avec un recours élevé dans le centre-ouest incluant l’Île-de-France et dans le Sud-Est », relève SPF.
Malgré l’absence d’un panorama complet, les autrices avancent plusieurs hypothèses pour interpréter la tendance au recul observée depuis 2012 : la baisse de l’offre médicale en sénologie, les difficultés d’accès aux soins, mais aussi « la polémique sur l’efficacité du dépistage, et en particulier sur le surdiagnostic », devenue forte en France au début des années 2010. « Amplifiée » et « relayée par les médias », cette polémique a aussi touché les médecins généralistes, « ce qui a possiblement eu un effet sur le recours au dépistage », est-il analysé.
Un impact limité du Covid sur le dépistage du cancer colorectal
Concernant le cancer colorectal, le taux de participation sur les 20 ans de dépsitage organisé reste faible, autour de 32 % en moyenne. Pendant la période du test au gaïac de 2010 à 2014, la participation est passée de 31,8 % à 29,5 %. Le passage au FIT l’a modestement boosté avec un taux de 33,1 % en 2016-2017, avant un recul jusqu’à 28,8 % en 2019-2020.
À côté de variations géographiques similaires à celles observées pour le dépistage du cancer du sein, la participation est aussi influencée par l’âge : de 33,5 % chez les femmes de 50-54 ans à 39,5 % chez celles de 70-74 ans et de 31,9 % chez les hommes de 50-54 ans à 39,6 % chez ceux de 70-74 ans.
Le Covid n’a eu que peu d’impact : en 2020-2021, le taux de participation était de 34,6 % et plus élevé chez les femmes (35,7 %, contre 33,5 % chez les hommes). « Des résultats similaires ont été observés dans d’autres pays où le dépistage du cancer colorectal est fondé sur un test de recherche de sang occulte dans les selles (Pays-Bas, Canada, Belgique-Flandres) », est-il souligné. Si un recul a bien été constaté pendant le premier confinement, « la reprise des courriers d’invitation et de relance a été effective à partir de l’été 2020, massive et doublée d’une importante campagne de communication, ce qui s’est traduit par une forte reprise d’activité ».
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