Par pudeur, gène, honte, les femmes se taisent

Ces cancers gynécologiques qui bousillent la sexualité

Publié le 28/11/2012
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DIAGNOSTIQUÉS le plus souvent à un stade précoce, ces cancers sont associés à un bon pronostic tumoral. La qualité de vie de ces patientes ainsi que le respect de leur sexualité apparaissent alors essentiel. Or il apparaît que 30 à 100 % des femmes atteintes d’un cancer gynécologique ont une sexualité perturbée.

Les troubles sexuels peuvent être en rapport avec une dysfonction physique (baisse du désir, de l’excitation, dyspareunie, anorgasmie), le plus souvent secondaire au traitement.

En effet, quel que soit le protocole choisi (chimiothérapie, radiothérapie, curiethérapie, chirurgie, thérapies ciblées) tous les traitements ont un effet plus ou moins délétère sur la vie sexuelle des malades :

- la chimiothérapie, avec la fatigue et les effets secondaires qu’elle entraîne (nausées, douleurs ou effets inflammatoires au niveau vaginal) va perturber la libido ;

- la radiothérapie entraîne souvent des séquelles : fibroses, douleurs, atrophie vaginale, fistules radiques obligeant parfois à faire une dérivation urinaire ou digestive ;

- la chirurgie peut être à l’origine notamment d’un raccourcissement vaginal, de lésions nerveuses, d’une ménopause induite.

Des méfaits physiques et psychologiques.

Tous ces effets secondaires, selon leur importance, ont un impact sur la sexualité des femmes. Sans parler des conséquences psychologiques des traitements et de la maladie (dépression, anxiété, impact d’une ménopause induite [vieillissement, infertilité], impact d’une chirurgie mutilante, visible ou non [mammectomie, ovariectomie, hystérectomie…] sur l’image corporelle, la féminité, l’estime de soi, la confiance en soi) et de leur retentissement sur les relations avec le partenaire.

Créer un climat de confiance.

En pratique, les patientes n’abordent pas spontanément leurs difficultés sexuelles lors des consultations par pudeur, gêne, honte, peur du ridicule …

Il revient à l’équipe soignante de créer un climat de confiance en choisissant le bon moment , pour aborder le problème des relations intimes, par des questions simples ou par le biais de questionnaires (« Femal Sexual Fonction » en est un exemple) pour identifier l’origine de la dysharmonie sexuelle et proposer une prise en charge adaptée : traitement des effets secondaires (lubrifiants, crèmes hydratantes efficaces sur la sécheresse vaginale, chirurgie réparatrice), soutien psychologique, techniques psycho-corporelles (relaxation, sophrologie, massages..) pratiquées par des professionnels qualifiés permettant à la femme de se réapproprier son corps et sa féminité.

Congrès Cancers au féminin 2012 présidé par les Prs Marc Espié (hôpital Saint-Louis Paris) et Fabrice Lécuru (hôpital Européen Georges-Pompidou Paris). Communication du Dr Anne-Sophie Bats (hôpital Européen Georges-Pompidou, Université Paris Descartes, Paris).

 Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9197