Comment contrer les effets néfastes de la chimiothérapie sur l'infertilité masculine ? Des chercheurs Inserm/CNRS/université Clermont Auvergne suggèrent une nouvelle piste reposant sur les récepteurs TGR5 situés à la surface des gamètes.
Leurs travaux publiés dans « Advanced Science » montrent que, chez des souris génétiquement modifiées pour que les récepteurs TGR5 soient absents, les effets de la chimiothérapie sur les cellules germinales sont atténués. Cela se traduit par un retour accéléré de la fertilité chez ces souris par rapport aux témoins.
Les récepteurs TGR5 sont très étudiés dans les maladies métaboliques comme le diabète et l’obésité. Ils sont en effet activés par les acides biliaires, ces molécules produites au niveau du foie qui régulent la glycémie et la dépense énergétique.
L’équipe coordonnée par le chercheur Inserm David Volle avait montré précédemment que ces récepteurs sont aussi présents au niveau des cellules germinales à l’origine des gamètes. Dans des modèles de souris mimant une maladie hépatique, avec des taux d’acides biliaires élevés, les scientifiques avaient constaté que les récepteurs TGR5 sur les cellules germinales étaient activés, ce qui était associé à une augmentation de la stérilité chez les animaux.
Les scientifiques ont ici exposé des souris à l'agent alkylant busulfan. Ils ont alors montré que la chimiothérapie induit la mort d’une partie des cellules germinales chez des souris saines, affectant ainsi leur fertilité. « Le fait que ce soit les cellules germinales, encore indifférenciées, qui soient touchées est particulièrement problématique car l’on touche à la réserve des cellules produisant les gamètes. Cela peut réduire leur renouvellement et contribuer à l’infertilité post-chimiothérapie », souligne David Volle.
Les résultats chez des souris n'exprimant pas le TGR5 montrent que ce récepteur joue un rôle important dans les effets délétères de la chimiothérapie sur l’infertilité. À plus long terme, l’objectif serait de développer des méthodes pour moduler l’activation de ce type de récepteurs de manière ciblée au sein des cellules germinales, afin de protéger ces dernières et de restaurer la fertilité après la chimiothérapie. L’idée serait aussi d’évaluer s'il est possible d'extrapoler ces données à d’autres pathologies connues pour altérer la fertilité, telles que l’obésité ou le diabète.
L.Thirouard et al., Science Advances, avril 2022. doi/10.1002/advs.202200626
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