Covid-19 : le premier mois, l’INCa préconise de vacciner 84 000 patients « ultra-prioritaires » atteints d'hémopathies malignes et de cancers solides

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Publié le 01/02/2021

Crédit photo : S.Toubon

Parmi les 3,8 millions de patients de moins de 75 ans ayant ou ayant eu un cancer pouvant se faire vacciner depuis le 18 janvier, l’Institut national du cancer (INCa) a défini, à la demande du Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, les personnes « ultra-prioritaires ». Alors que les doses disponibles sont restreintes, l’INCa préconise ainsi la « vaccination immédiate » pour les patients, de plus de 16 ans, atteints d’hémopathies malignes et de cancers solides.

Plus de 160 000 patients sont ainsi considérés comme « ultra-prioritaires » : patients allogreffés dans les trois dernières années, patients entrant dans un parcours de soins à tout stade, ceux en cours de chimiothérapie, à tout stade et toute ligne de traitement et ceux en cours de radiothérapie intrathoracique. Parmi eux, compte tenu des traitements en cours, « la population d’intérêt peut être estimée à 84 000 personnes initiant leur vaccination le premier mois », évalue l’INCa, dans ses préconisations datées du 25 janvier et rendues publiques ce 1er février.

Éviter les complications et les retards de traitement

Cet avis s’appuie sur des données « limitées en quantité et en qualité » et sa validité est « nécessairement très limitée dans le temps », est-il souligné. Les préconisations sont ainsi formulées « en considérant comme prééminents le bénéfice individuel des personnes les plus à risque et le principe de précaution », est-il également rappelé., L’INCa insiste sur le fait qu'« il est essentiel d’éviter des complications et des retards de traitement entraînant des pertes de chance de survie pour les patients atteints de cancer ».

En pratique, la vaccination sera organisée « dans les lieux les mieux adaptés à leur situation : au sein des services où elles sont suivies », selon les recommandations de la Direction générale de la santé (DGS). Chaque établissement autorisé au traitement du cancer est invité à organiser son circuit de vaccination, en prenant en compte « l’enjeu d’équité ».

Concernant la temporalité de la vaccination, la littérature offre des données « contradictoires et non stabilisées, observe l’INCa. La vaccination à un temps précis du parcours de soins, et plus particulièrement de l’intercure de chimiothérapie, n’a pas fait la preuve de sa supériorité ».

Un consensus se dégage sur l’opportunité de vacciner « idéalement » avant le début des soins ou en dehors des phases d’aplasie pour les patients en cours de chimiothérapie (avec la possibilité de vacciner au J1 de la cure suivante). À partir de ce cadre, l’opportunité de la vaccination pourra être évaluée individuellement, selon le « bon sens clinique et la connaissance fine de la situation d’un patient donné ».

Prudence dans le report éventuel de la 2e dose

À propos d’un report éventuel de la seconde dose de vaccin, « la plus grande prudence dans l’adaptation des protocoles de vaccination est justifiée », insiste l’INCa. Face au manque de données, la priorité doit aller à l’inclusion de patients atteints de cancer dans les essais et cohortes. En attendant, un report de la 2e dose peut être envisagé « pour ceux non encore traités dont la première injection aura lieu avant les soins du cancer dès lors qu’une aplasie profonde n’est pas attendue à court terme », cadre l’avis.

Pour les autres, le calendrier doit être maintenu : « l’utilisation du vaccin dans ces populations doit assurer, par principe de précaution, les conditions de la meilleure efficacité possible », est-il rappelé. Pour les patients en chimiothérapie, une adaptation du calendrier est possible selon les phases d’aplasie. Pour ceux s’apprêtant à débuter un traitement par anti-CD20, « le respect d’un intervalle le plus court possible entre les deux injections permettrait de ne pas décaler l’introduction des anti-CD20 dans leur parcours de soins », poursuit l’avis.

Dans les cas « les plus compliqués ou spéculatifs » (allogreffe, immunosuppression en prophylaxie de la GVH, ou traitements anti-PDL1, anti-CTLA4, anti-CD20, inhibiteurs du BTK, etc.), « l’efficacité de cette vaccination (titrage d’anticorps) mérite d’être vérifiée à l’occasion d’un ou deux contrôles sanguins nécessités par le suivi de la maladie cancéreuse », est-il encore indiqué.

Ces préconisations devraient rapidement évoluer, suivant notamment l’avancée de la vaccination des patients « ultra-prioritaires ». Elles seront complétées, notamment par la définition d’un ordre de priorité pour les patients non intégrés à ces premières préconisations.


Source : lequotidiendumedecin.fr