Dépistage du cancer du sein

Des critères de qualité plus stricts

Publié le 12/07/2010
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DANS LE CADRE du suivi de l’autorisation des mammographies numériques depuis 2008 pour le dépistage organisé du cancer du sein, la direction générale de la Santé (DGS) a été alertée, fin octobre 2009, sur des taux de détection différents selon la technologie, analogique ou numérique, et sur la variabilité de la performance en fonction du type de récepteur numérique utilisé (détecteurs solides sensibles aux rayons X, dits DR, ou écrans radioluminescents ou plaques, dits CR). « Sur un parc de 2 520 installations de mammographie, 77 % sont désormais des appareils numériques », explique le Pr Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du Cancer (INCa).

À la demande de la DGS, l’INCa a réalisé une étude sur les taux de détections des cancers auprès des structures de gestion coordonnant au niveau départemental et interdépartemental les dispositifs de dépistage organisé du cancer du sein. Entre novembre 2009 et janvier 2010, une première vague d’enquête a permis d’obtenir des données sur l’activité 2008 de dépistage de 54 structures, correspondant à 56 départements (19 régions). Le nombre total de mammographies enregistrées atteignait plus de 2,1 millions, soit la moitié environ des mammographies réalisées au niveau national sur la période de 18 mois dans le programme de dépistage organisé. Les premiers résultats ont confirmé une moindre détection des cancers du sein avec la technologie numérique, la différence avec la technologie analogique portant principalement sur les installations qui utilisent un système à plaques, avec une grande variabilité en fonction des marques.

Une seconde enquête a été réalisée en mai et juin derniers. Cette fois, les données viennent de 80 structures de gestion correspondant à 91 départements et portent sur plus de 4, 2 millions de mammographies (92 % de celles qui ont été faites dans le cadre du programme national de dépistage pendant 24 mois).

En 2009, 64 % de ces mammographies ont été réalisées en technologie numérique, contre 36 % en technologie analogique, dont 79 % avec un système CR et 21 % avec un système DR. Est ainsi mise en évidence une différence de taux de cancers détectés entre les technologies analogiques et numériques sur la période de 24 mois de l’enquête. Le système DR présente un taux plus important de détection de cancers que la technologie analogique (6,5 contre 6,2 %). Ce taux est comparable en 2008 et supérieur en 2009 (6,5 contre 5,4 %).

Les systèmes CR ont un taux de détection inférieur aux systèmes DR et analogique, avec une variabilité des taux de détection en fonction des marques. « Globalement, le passage au numérique a apporté un bénéfice », souligne le Pr Maraninchi. Le système DR est en particulier plus performant que l’analogique. En revanche, le problème se pose pour les systèmes numériques DR. « Compte tenu de la taille infra-millimétrique des anomalies à détecter, la qualité de l’image constitue un enjeu majeur de la mammographie », souligne Jean Marimbert, directeur général de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé). La mammographie numérique CR requiert plus de dose de rayon X que les autres technologies pour une qualité d’image donnée.

Campagne de contrôles.

Pour mieux homogénéiser les conditions de la pratique de la mammographie numérique, l’AFSSAPS a souhaité renforcer ses critères d’acceptabilité en abaissant le seuil de la dose maximale délivrée et en élevant les standards de qualité de l’image requise à la fois pour le test de visibilité du contraste (qui passera d’un contrôle annuel à un contrôle semestriel ) et pour le test réalisé avec un fantôme anthropomorphique (un objet simulant les tissus humains contenant des éléments figurant des lésions utilisé pour le contrôle de la qualité de l’image). Dès le début de septembre, une campagne de contrôle de six mois va être réalisée par des organismes agréés externes. « Les fabricants devront se conformer à nos critères », souligne Jean Marimbert.

Quant aux patientes, le Pr Maraninchi se veut rassurant : « Nous ne sommes pas dans un contexte de surirradiation. Il s’agit d’optimiser la qualité et la sécurité du dépistage organisé du sein. » Le Pr Houssin appelle les femmes à participer encore plus au dépistage organisé. « Le taux de participation est aujourd’hui de 52,8 % alors que les recommandations sont d’atteindre 70 % », conclut-t-il.

Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8804