Cancer du sein métastatique

Enhertu indiqué en deuxième ligne

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Publié le 14/10/2022
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Enhertu (trastuzumab déruxtécan), un anticorps conjugué de nouvelle génération, est désormais autorisé en monothérapie pour le traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein HER2 positif, non résécable ou métastatique, ayant reçu préalablement au moins une ligne de traitement anti-HER2.
Les cancers HER2+ représentent environ 15 à 20 % des cas de cancer du sein

Les cancers HER2+ représentent environ 15 à 20 % des cas de cancer du sein
Crédit photo : SPL/Phanie

Enhertu est un anticorps conjugué composé d’un anticorps monoclonal humanisé ciblant spécifiquement HER2 (le trastuzumab), lié, par un agent de liaison tétrapeptidique clivable, à une chimiothérapie cytotoxique puissante avec un dérivé de l'exatécan inhibiteur de topoisomérase-1 (déruxtécan). Cette approche ciblée maximise l’exposition des cellules tumorales à la chimiothérapie tout en minimisant celle des tissus sains. Enhertu est indiqué en deuxième ligne de traitement des cancers du sein métastatique HER2+.

Les cancers HER2+ représentent environ 15 à 20 % des cas de cancer du sein et présentent une forte agressivité tumorale (40 % sont des formes d’emblée métastatiques). Quelque 65 % sont des cancers hormonaux (RH+) et 15 % des cancers dits triple négatif.

Pour le traitement de première ligne des patientes atteintes d’un cancer du sein HER2 + métastatique, les recommandations de l’European Society for Medical Oncology (Esmo) préconisent l’association d’une chimiothérapie à base de taxane et deux thérapies anti-HER2 (double blocage trastuzumab + pertuzumab). Ce protocole est complété éventuellement par un traitement hormonal si le cancer est positif aux récepteurs hormonaux (RH+) en relais après la fin de la chimiothérapie. Une fois que les patientes progressent avec les schémas thérapeutiques anti-HER2, les options thérapeutiques étaient jusque-là limitées.

Réduction de 72 % du risque de progression ou de décès

L'autorisation européenne d’Enhertu de janvier 2021 repose sur les résultats de l’étude de phase 3 Destiny-Breast 03* en ouvert, en groupes parallèles, qui a comparé chez 524 patients le trastuzumab déruxtécan au trastuzumab emtansine (traitement standard pour cette indication).

Les résultats ont montré une amélioration de la survie sans progression en faveur du groupe Enhertu avec une réduction de 72 % du risque de progression ou de décès (HR 0,28 ; IC 95 % 0,22-0,37, p < 0,000001). La médiane de survie sans progression était de 25 mois dans le groupe Enhertu versus 7 mois dans le groupe comparateur. Les effets indésirables les plus fréquemment observés étaient les nausées (77 %), la fatigue (57,2 %), les vomissements (46,8 %), l’alopécie (38 %) et la neutropénie (34,6 %).

En France, Enhertu a obtenu une autorisation d'accès précoce en mai 2022. La Haute Autorité de santé précise que « les patients doivent avoir reçu un traitement antérieur pour la maladie localement avancée ou métastatique ou bien avoir présenté une progression de la maladie pendant un traitement adjuvant ou dans les six mois suivant sa fin ».

L’efficacité du trastuzumab déruxtécan est d’ores et déjà en cours d’investigation dans tous les cancers du sein HER2, quel que soit leur niveau d’expression, ainsi que dans d’autres cancers surexprimant ou présentant une mutation de la protéine HER2 (cancer gastrique, cancer bronchique, cancer colorectal). Enhertu est notamment en cours d’examen en Europe pour le traitement des patientes atteintes d’un cancer du sein HER2 faible, non résécable ou métastatique, ayant progressé sous hormonothérapie et chimiothérapie (étude Destiny-Breast 04).

Conférence de presse Daiichi-Sankyo et AstraZeneca.
*J. Cortès et al, The New England Journal of Medicine, mars 2022. DOI: 10.1056/NEJMoa2115022

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin