Rencontres de la cancérologie française

Exosomes tumoraux circulants : vers une nouvelle génération de biopsie liquide ?

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Publié le 31/01/2023
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Petites vésicules extracellulaires sécrétées par les cellules cancéreuses, les exosomes font partie intégrante du circulome tumoral. Mais par rapport aux autres éléments tumoraux circulants (ADN et cellules), quel est leur potentiel dans la détection des cancers ? Décryptage avec le Dr Mathieu Boissan, lors des Rencontres de la cancérologie française (RCFr, 22-23 novembre 2022).

Crédit photo : SPL/PHANIE

« Messagers intercellulaires entre une cellule productrice et une réceptrice, les exosomes sont des vésicules multi-analytes », explique le Dr Mathieu Boissan (Inserm, centre de recherche Saint-Antoine, laboratoire de biochimie et hormonologie de l’hôpital Tenon, Paris). Outre les marqueurs de surface, ils renferment un contenu intravésiculaire composé de protéines, d’acides nucléiques tels que les micro-ARN (petits ARN non codants), et d’une bicouche lipidique les protégeant de la dégradation.

Des marqueurs tumoraux

Cependant, les exosomes peuvent aussi bien être normaux que tumoraux, et il n’est pas techniquement possible de les discriminer. Ainsi, « lorsque l’on isole les exosomes du sang circulant, on peut trouver soit un enrichissement de certaines protéines existantes, soit de nouvelles protéines spécifiques comme les néoantigènes tumoraux, soit une combinaison des deux », détaille le Dr Boissan. La présence de nouvelles protéines constitue un marqueur dans la détection des cancers.

Quels avantages pour la détection des cancers ?

En tant que biopsie liquide, les exosomes recèlent plusieurs avantages, comparativement aux autres éléments du circulome, que sont l’ADN tumoral circulant (ADNtc) et les cellules tumorales circulantes (CTC). En effet, « ils sont relargués par les cellules tumorales vivantes, contrairement à l’ADNtc (libéré par les cellules cancéreuses mortes en apoptose) et aux CTC (dont certaines sont mortes dans la circulation), précise le Dr Boissan. Le second avantage est qu’ils renferment plusieurs analytes. Pour les détecter, il est ainsi possible d’utiliser l’analyse combinatoire et des algorithmes, en faisant appel à l’intelligence artificielle ». Un profil d’expression des micro-ARN intravésiculaires peut, par exemple, être établi. Les exosomes ont également d’autres atouts par rapport aux CTC : ils sont relargués avant leur apparition, présents en plus grand nombre et plus stables dans la circulation. Quant à l’ADNtc, c’est un outil puissant pour détecter les anomalies moléculaires, mais il n’a pas de fonction dans la cellule.

En tant que messagers intercellulaires avec une fonction de biopsie signalétique, les exosomes pourraient être « un meilleur reflet de l’activité tumorale que l’ADNtc et les CTC », selon le Dr Boissan. Ils possèdent également des avantages pré-analytiques, comme la possibilité de constituer des biobanques de stockage. « Ils représentent une biopsie d’avenir, notamment dans la détection des cancers, conclut le Dr Boissan. Mais on pourrait aussi associer les biopsies liquides, c’est-à-dire les exosomes à l’ADNtc et aux CTC ».

Un indicateur de réponse à l’immunothérapie

D’autre part, un lien entre exosome et immunothérapie (notamment anti-PD1/PDL1) a été mis en évidence. En effet, « le taux de PDL1 à la surface des exosomes circulants permet de stratifier les patients en répondeurs et non-répondeurs à l’immunothérapie », constate le Dr Boissan. La présence d’exosomes tumoraux pourrait donc également représenter un indicateur de réponse à l’immunothérapie.

D’après la présentation du Dr Mathieu Boissan (Paris), lors des RCFr le 22 novembre 2022

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr