Avec sept établissements et un réseau

La cancérologie réunionnaise s’adapte au contexte régional

Publié le 17/06/2011
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Crédit photo : dr

LE QUOTIDIEN – Quelles sont les caractéristiques épidémiologiques de la population réunionnaise concernant les pathologies cancéreuses ?

Dr TAWFIQ HENNI – L’île de La Réunion s’inscrit dans une zone en transition épidémiologique avec une incidence des cancers inférieure d’environ 30 % à celle de la métropole, sauf en ce qui concerne les cancers de l’estomac et de l’œsophage qui sont fortement liés au goût des Créoles pour l’utilisation de viande boucanée dans leur cuisine. On remarque également une augmentation annuelle de près de 10 % des cancers du sein que nous relions en partie à la mise en place de campagnes de dépistage depuis 2007-2008.

Comment se présente et s’organise l’offre de soins cancérologiques à La Réunion ?

L’offre de soins réunionnaise en cancérologie s’articule autour de sept établissements publics et privés répartis entre le nord et le sud de l’île et d’un réseau créé en 2002 : Oncorun. Nous disposons également de deux centres de coordination en cancérologie (3C) avec, au nord, le centre hospitalier départemental Félix-Guyon (site Nord du CHR) et la clinique Sainte-Clotilde tous deux situés à Saint-Denis et, au sud, le Groupe Hospitalier Sud-Réunion (GHSR, site Sud du CHR à Saint-Pierre) et la clinique Durieux (Le Tampon). Les autorisations de radiothérapie et de chimiothérapie se répartissent entre ces différents établissements. Le Groupe Hospitalier Est Réunion (Saint-Benoît) et les deux établissements situés au nord-ouest, la clinique Jeanne-d’Arc à Le Port et le centre hospitalier Gabriel-Martin (Saint-Paul) disposent, quant à eux, d’autorisations en chirurgie cancérologique urologique et digestive. D’un point de vue diagnostique, l’île est plutôt bien équipée puisque les équipes ont à leur disposition des scanners, des IRM, ainsi qu’un pet-scan.

Quelles sont les actions menées par le réseau Oncorun dont vous êtes le président ?

Elles se situent à plusieurs niveaux. Nous avons, par exemple, remis en route le registre et nous rattrapons peu à peu le retard accumulé. Actuellement, les dernières données validées datent de 2006. D’autre part, nous collaborons avec Run Depistage qui met en place des actions de dépistage pour les cancers du sein, colorectaux et du col de l’utérus. Nous comptons, par ailleurs, mettre l’accent sur le dépistage des cancers du sein car, à La Réunion, la tranche d’âge 45-55 ans est presque autant touchée que celle de 55-65 ans. Nous étudions donc la possibilité d’élargir la cohorte pour qu’elle englobe, dans un premier temps, les femmes âgées de 50 à 65 ans. Une mise à disposition de l’ensemble des référentiels ainsi qu’un travail sur la Qualité doivent encore être faits. Nous essayons également de développer une coordination pour les soins de supports qui sont très importants dans le contexte réunionnais : nous avons souvent affaire à des patients à l’état très dégradé avec un âge physiologique plus avancé que celui observé en Métropole. Enfin, nous participons à la mise en place d’une coordination des soins de support et des soins palliatifs avec des équipes mobiles réparties au sein des établissements.

Les patients sont-ils exclusivement réunionnais ou proviennent-ils d’autres parties de la sous-région ?

Les patients que nous traitons sont principalement Réunionnais bien que beaucoup viennent également de Mayotte en transferts sanitaires. C’est d’ailleurs un assez gros problème qui a une traduction éloquente en oncologie pédiatrique où 30 % des patients proviennent de l’archipel des Comores. N’étant pas résidents de La Réunion, leur séjour est deux fois plus long que celui des Réunionnais. L’impact financier de cet allongement de la durée moyenne de séjour (DMS) est pour nos services extrêmement important. Nous ne voyons, en revanche, presque aucun Mauricien ou Malgache pour des raisons de coût des soins, à part ceux qui sont d’origine française et qui disposent de la Sécurité sociale ou ceux qui ont souscrit à des assurances privées.


Source : Bilan spécialistes