Petites doses à intervalles rapprochés

La chimiothérapie métronomique, une piste dans le cancer du rein

Publié le 17/02/2010
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LA PRISE EN CHARGE cancer du rein en situation métastatique a été transformée par les thérapeutiques ciblées comme le sorafénib. Cet inhibiteur de tyrosine-kinase agit sur plusieurs autres cibles, inhibe la prolifération cellulaire et l’angiogenèse. Ce traitement permet le plus souvent le contrôle de la maladie, mais une réponse complète n’est obtenue que chez un petit nombre de sujets et une progression est considérée comme inévitable.

Pour améliorer l’efficacité des thérapeutiques ciblées, plusieurs pistes ont été explorées. Leur administration en association avec des protocoles de chimiothérapie classiquement élaborés selon le principe de la recherche de la dose maximale tolérée (DMT) expose à un accroissement de toxicité. Le concept de chimiothérapie métronomique, proposé il y a plusieurs années, est fondé sur l’hypothèse selon laquelle des administrations rapprochées à doses beaucoup plus faibles que la DMT permettent d’obtenir des réponses même pour des tumeurs considérées comme résistantes, avec une toxicité mineure (1). Dans ce cas, la cible du traitement n’est plus la cellule tumorale elle-même, mais la cellule endothéliale activée.

Une réponse partielle ou une stabilisation.

Dans cet esprit, J. Bellmunt et coll. (Centre hospitalier universitaire del Mar, Barcelone) ont entrepris de traiter des patients ayant un cancer du rein métastatique en faisant appel au sorafénib associé à un traitement par gemcitabine, un antimétabolite, à la dose maximale tolérée et à un traitement métronomique par capécitabine, une prodrogue du 5-fluorouracile (2).

Cette étude a porté sur 40 patients de plus de 18 ans issus de 8 centres en Espagne qui ont été recrutés entre 2006 et 2008. Ils avaient un carcinome à cellules claires. Ces malades étaient en bon état général, n’avaient jamais été traités et l’immunothérapie était contre-indiquée ou impossible en raison d’effets indésirables. Ils ont reçu à 6 reprises un cycle de traitement comportant 1 000 mg/m2 de gemcitabine par voie veineuse aux jours 1 et 8, 500 mg/m2 de capécitabine 2 fois par jour (pour une posologie habituelle de 1 250 mg/m2 deux fois par jour) pendant quatorze jours et 400 mg deux fois par jour de sorafénib pendant vingt et un jours. Le traitement d’entretien a consisté en une monothérapie par sorafénib à la discrétion de l’investigateur en fonction du bénéfice clinique. Le critère principal de jugement de l’étude a été la survie sans progression. La médiane de celle-ci a été de 11,1 mois (intervalle de confiance à 95 % : 7,9-17,1). Une réponse partielle a été obtenue chez 20 patients et une stabilisation de la maladie chez 17 autres. Les effets indésirables ont été le plus souvent modérés (grade 1 ou 2), une toxicité hématologique ayant été constatée chez 9 malades.

Les auteurs soulignent que ces résultats sont meilleurs que ceux qui sont habituellement constatés, et que les effets indésirables ont été le plus souvent faciles à prendre en charge. Ils concluent que ce travail fournit des données préliminaires qui confirment cliniquement le concept de chimiothérapie métronomique.

Références

(1) Gasparini G. Metronomic scheduling : the future of chemotherapy ? Lancet Oncol 2001 ; 2 (12) : 733-40.

(2) Bellmunt J, et coll. Activity of a multitargeted, metronomic, and maximum-tolerated dose « chemo-switch » regimen in metastatic renal cell carcinoma (mRCC) : A phase II study of sorafenib, gemcitabine (Gem), and metronomic capecitabine (Cap) in patients with advanced mRCC (SOGUG-02-06). Lancet Oncol (en ligne, 16 février 2010).

Dr GÉRARD BOZET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8710