Dépistage du cancer du côlon

La coloscopie virtuelle performante aussi après 65 ans

Publié le 06/03/2012
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Crédit photo : PHANIE

DE NOTRE CORRESPONDANTE

LE CANCER colorectal est en France le troisième cancer le plus fréquent chez l’homme et le second chez la femme, et il est la troisième cause de mortalité par cancer. Le dépistage est ainsi recommandé après 50 ans. Selon l’American Cancer Society, la baisse de l’incidence du cancer colorectal qui a été observée ces vingt dernières années peut être attribuée en grande partie aux examens de dépistage qui permettent l’ablation des polypes avant leur progression en cancer. Le dépistage n’est effectué toutefois que chez une fraction de la population âgée de 50 ans et plus (50 % aux Etats-Unis).

Le dépistage par la coloscopie (endoscopique), qui permet d’examiner le colon et d’enlever également les polypes, nécessite une anesthésie générale et expose à un faible risque de complications.

Moins invasive, la colonoscopie virtuelle (ou CT colonoscopie), introduite dans les années 1990, est un scanner qui produit des images tridimensionnelles du colon. L’examen, plus rapide et moins coûteux, ne requiert pas d’anesthésie. Si des polypes de plus de 6 mm sont détectés, une coloscopie est réalisée pour les enlever.

En 2008, l’Essai National de CT Colonographie du réseau ACRIN (American College of Radiology Imaging Network; publié dans le New England Journal of Medicine ») indiquait une performance similaire pour la colonoscopie virtuelle (à faible dose de radiation) et la coloscopie.

Toutefois, les services de Medicare et de Medicaid ont repoussé la décision de prendre en charge la colonographie virtuelle, estimant que les données sur sa performance étaient insuffisantes chez les seniors de plus de 65 ans, la population couverte par Medicare.

Johnson et coll. ont donc conduit une analyse post-hoc, publiée maintenant dans la revue « Radiology ».

Les résultats montrent que la performance diagnostique de la colonoscopie virtuelle dans le sous-groupe des 65 ans et plus (n = 477 participants, pour lesquels toutes les données étaient disponibles) ne diffère pas significativement de celle dans le sous-groupe des 50 à 65 ans (n = 2054).

Adénomes ou cancers.

Pour la détection des adénomes ou cancers de grande taille (10 mm ou plus de diamètre), la sensibilité et la spécificité de la coloscopie virtuelle sont, respectivement, de 0,82 et 0,83 dans le groupe des seniors de 65 ans et plus, comparé a 0,92 et 0,86 dans le groupe plus jeune, une différence non significative.

Pour la détection des adénomes ou cancers plus petits (6 à 9 mm de diamètre), la sensibilité et la spécificité de la colonoscopie virtuelle ne diffèrent pas non plus entre les deux sous-groupes d’âge.

Le taux des adénomes ou cancers de grande taille (10 mm ou plus de diamètre) est de 7 % chez les seniors de 65 ans et plus (comparé à 3,7 % chez les 50 a 65 ans), ce qui indique que la majorité des personnes ne nécessiteront pas de coloscopie subséquente si les lésions supérieures à 1 cm sont ciblées. Même si les lésions supérieures ou égales a 6 mm de diamètre étaient ciblées pour la coloscopie, le taux de coloscopie subséquente ne dépasserait pas 12,6 %.

« Il n’y a pas de lutte entre la coloscopie virtuelle et la coloscopie, mais il existe un combat médical contre le cancer du colon. Nous voulons que les patients soient dépistés. La colonoscopie virtuelle est un examen préféré par certains patients et devrait constituer une option. Les patients devraient parler à leur médecin et choisir la meilleur option pour eux », estime le Dr Daniel Johnson (Mayo Clinic, Scottsdale, Arizona) qui a dirigé cette étude.

Radiology, 23 février 2012, Johnson et coll.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9093