Cancers de la cavité buccale

La durée de la consommation du tabac influence nettement le risque

Publié le 22/04/2013
Article réservé aux abonnés
1366643352427197_IMG_103692_HR.jpg

1366643352427197_IMG_103692_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

LE CANCER de la cavité buccale est une cause importante de morbimortalité en France avec 6  000 nouveaux cas chaque année et 1 500 décès, soit une des incidences les plus élevées au monde.

Entre 2002 et 2007, l’étude ICARE a fait participer 10 départements français couverts par un registre général des cancers, afin d’étudier le rôle du tabac et de l’alcool, séparés ou associés, sur la prévalence des cancers de la cavité buccale. Sept-cent soixante-douze carcinomes épidermoïdes ont été enregistrés et appariés à une population témoin de 3 555 personnes. La quantité moyenne de tabac consommée par jour était calculée en gramme : une cigarette = 1 g, une pipe = un cigarillo = 2 g, un cigare = 4 g, un paquet de cigarettes ou 40 roulées = 40 g, un paquet de tabac à pipes = 50 g.La quantité d’alcool moyenne quotidienne était calculée par les nombres de verres bus et la durée de vie moyenne de chaque type d’alcool, puis séparé en quartiles.

Les variables.

Les hommes représentent deux tiers de la population chez les cas comme chez les contrôles. Les cas étaient plus jeunes et de moins bon niveau social, et plus souvent célibataires que les témoins. La localisation la plus fréquente était le cancer du plancher de la bouche (27,7 %) puis la langue (23,2 %) et la base de la langue (18, 8 %). Les meilleurs variables permettant de caractériser le rôle de l’alcool et du tabac sont : le statut par rapport au tabac (fumeur, non-fumeur, ancien fumeur) et la durée de la consommation, la quantité de tabac (g/j), le nombres d’années depuis l’arrêt et le nombre de verres d’alcool consommés par jour.

Quel que soit le tabac.

Le risque de développer un cancer de la cavité buccal pour les fumeurs est 11, 8 fois supérieur à celui des non-fumeurs  (IC 95%, 8,6-16,3) et de 2, 2 pour les anciens fumeurs ; il augmente avec la quantité de tabac et la durée de la consommation. Pour une quantité ou une durée donnée, les fumeurs ont un risque 3 fois supérieur à celui des anciens fumeurs. En revanche, le risque décroît rapidement après l’arrêt du tabac : près 2 à 9 ans d’abstinence est 2,5 fois moins élève que chez ceux qui continuent à fumer. En revanche, il n’y aucune différence entre les fumeurs de blondes ou de brunes, ceux qui inhalent ou n’inhalent pas, ceux qui les achètent et ceux qui les roulent, qu’on fume la cigarette, la pipe ou le cigare. Concernant l’alcool, le risque augmente avec la quantité et devient significatif lorsque la consommation est de plus de 4,5 verres par jour (RR = 3,2) et tend même à s’inverser lorsque la consommation est inférieure à 2 verres par jour.

Ces réusltats confirment que le rôle néfaste du tabac pour les cancers de la cavité buccale, plus que l’alcool, et leur effet synergique quand ils s’associent. Les auteurs recommandent une surveillance par des bilans réguliers afin de dépister les lésions précancéreuses.

Tobacco smoking, alcohol drinking and risk of oral cavity cancer by subsite : results of a french population-based case-control study, the ICARE study. Danièle Luce et coll. European Journal of Cancer Prevention 2013, 22 268-276

Dr ANNE TEYSSÉDOU-MAIRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9236