RIEN DE MOINS que trente millions de microbilles radioactives injectées par intervention. C’est le stock impressionnant de munitions utilisées au cours de la radiothérapie interne sélective (SIRT) dans les tumeurs hépatiques non résécables. Le jeu en vaudrait la chandelle selon l’étude ENRY publiée récemment. La radioembolisation utilisant ces SIR-spheres quelques microns a donné de bons résultats sur la survie chez les 325 patients ayant une tumeur inopérable traités dans l’un des 8 centres participants en Allemagne, Italie et Espagne.
Parmi les options actuellement disponibles, seuls la chimioembolisation transartérielle (TACE) et un inhibiteur de la tyrosine kinase administré per os, le sorafénib, ont apporté des preuves d’efficacité sur la survie, ce qui n’est pas encore le cas pour l’injection percutanée d’éthanol, l’ablation par radiofréquence et l’embolisation transartérielle.
Le circuit de l’artère hépatique
L’injection de microsphères de résine marquées à l’yttrium 90 (rayonnement bêta) permet de délivrer une dose d’irradiation jusqu’à 40 fois plus importante qu’avec une radiothérapie conventionnelle. Comment la technique permet-elle de cibler la tumeur et d’épargner les tissus sains ? La réponse vient des particularités de la vascularisation tumorale. Alors que le tissu sain est irrigué à 90 % par la veine porte et à 10 % par l’artère hépatique, le rapport est inversé dans les tumeurs hépatiques ayant besoin d’un sang très oxygéné. L’artère hépatique est alors un circuit idéal pour administrer le traitement de façon sélective par cathétérisme fémoral.
Dans l’étude ENRY, les patients traités par SIRT ont présenté une prolongation de survie de 12,8 mois en médiane, avec de nettes variations, de 24,4 à 10,0 mois, selon le stade de la maladie. Selon le président de ENRY, le Pr Bruno Sangro, hépatologue à Pampelune, « le bénéfice le plus important devrait être obtenu chez les patients ayant le meilleur indice de performance, moins de nodules tumoraux et une absence d’occlusion de la veine porte ».
L’analyse a permis également d’identifier des populations susceptibles de tirer le maximum de bénéfice des SIR-spheres : candidats médiocres à la TACE (nodules tumoraux› 5 ou atteinte des 2 lobes), échec de TACE et inéligibilité à la TACE en raison d’une occlusion de la veine porte. Selon le Pr Sangro, « la radioembolisation peut être une option synergique en association aux nouveaux traitements pharmacologiques, tels que le sorafénib ». L’utilisation des SIR-spheres est approuvée dans les tumeurs hépatiques non résécables en Union Européenne, et dans celles liées à un cancer colorectal primitif aux États-Unis.
Hepatology, publié en ligne le 7 juillet 2011.
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