Réduction de la douleur et du handicap fonctionnel

Le bénéfice de la kyphoplastie dans les tassements vertébraux tumoraux

Publié le 18/02/2011
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LES MÉTASTASES osseuses sont des complications fréquentes de bon nombre de tumeurs solides (notamment sein, prostate, poumon, vessie, thyroïde). Par ailleurs, la plupart des patients porteurs d’un myélome ont des lésions ostéolytiques ou une ostéoporose généralisée. Certains traitements anticancéreux peuvent provoquer une perte osseuse. La radiothérapie peut induire une ostéonécrose. Bon nombre de tumeurs solides peuvent provoquer des fractures, notamment un tassement vertébral : l’incidence du tassement vertébral a été estimée à 24 % dans le myélome, 14 % dans le cancer du sein, 6 % dans le cancer de la prostate et 8 % dans le cancer du poumon.

Les objectifs du traitement non chirurgical du tassement vertébral sont de diminuer la douleur (analgésiques, repos au lit, radiothérapie), d’améliorer le statut fonctionnel (corset) et de prévenir d’autres fractures (traitements anti-résorptifs). Mais l’efficacité de cette prise en charge est limitée. La chirurgie à ciel ouvert peut stabiliser les tassements vertébraux mais comme les patients ont des os de mauvaise qualité, ces traitements sont souvent réservés à ceux qui ont des déficits neurologiques. Quant à la chirurgie mini-invasive, par voie percutanée, on distingue deux techniques :

- la vertébroplastie : elle consiste, sous contrôle fluoroscopique, à injecter un ciment (polyméthylmétacrylate) ;

- la kyphoplastie (ou cyphoplastie) : dans un premier temps, l’opérateur introduit un ballonnet dans le corps vertébral, le gonfle (ce qui redonne au corps vertébral un certain volume), le dégonfle puis injecte du ciment dans la cavité vertébrale ainsi créée.

Dans les tassements ostéoporotiques, la kyphoplastie diminue la douleur, restaure la hauteur du corps vertébral et améliore le handicap ainsi que la qualité de vie.

Chez les patients atteints d’un cancer et présentant un tassement vertébral, des essais non randomisés ont suggéré des bénéfices similaires. Il était nécessaire de faire une étude randomisée contrôlée : voici l’étude CAFE (Cancer Patient Fracture Evaluation) dont les résultats sont publiés dans le « Lancet Oncology ».

L’étude CAFE a été conduite dans 22 centres en Australie, en Europe, au Canada et aux États-Unis, chez des patients d’au moins 21 ans, présentant un cancer (myélome, sein, poumon, prostate, autre) et de 1 à 3 tassements vertébraux douloureux (de D5 à L5). Les autres critères d’inclusion étaient une douleur d’au moins 4 sur le score NRS (Numeric Rating Score) et un niveau de handicap d’au moins 10 au score RDQ (Roland-Morris Disability Questionnary). C’est ainsi que 34 patients ont été randomisés soit dans un groupe kyphoplastie (70) soit dans un groupe traitement non chirurgical (64).

En un mois, le RDQ est passé de 17,6 à 9,1 dans le groupe kyphoplastie et de 18,2 à 18,0 dans le groupe contrôle. « Pour les tassements vertébraux douloureux chez les patients atteints de cancer, la kyphoplastie est un traitement efficace et sûr qui réduit rapidement la douleur et améliore la fonctionnalité », concluent les auteurs.

Un éditorialiste, qui parle d’une « étape encourageante », estime toutefois que ce travail comporte des limites, notamment l’absence de groupe placebo.

James Berenson et coll. The Lancet Oncology, publication en ligne du 17 février 2011.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8909