Sur 30 ans aux Etats-unis

Le cancer gastrique augmente chez les jeunes

Publié le 10/05/2010
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L’INCIDENCE du cancer gastrique de la partie basse de l’estomac a diminué globalement chez les Américains adultes, mais pas dans la population des 25 à 39 ans.

Les cancers de la partie haute et basse de l’estomac ont des étiologies différentes. Celui de la partie haute peut être dû au reflux acide, tandis que celui qui atteint la partie basse est lié à l’infection par Helicobacter pylori. La plupart des cancers gastriques sont diagnostiqués chez des personnes de plus de 65 ans. Aux États-Unis, le cancer gastrique est plus fréquent chez les Américains d’origine Africaine, Asiatique et Hispanique.

Les auteurs, William Anderson et coll. du National Cancer Institute (NCI), ont analysé des données du programme « SEER » (Surveillance, Epidemiology and End Results), qui réunit des données de cancérologie (concernant l’incidence et la survie) sur un registre des cancers qui couvre 26 % de la population des États-Unis. Ils ont identifié 39 003 cas de cancer de la partie basse de l’estomac, diagnostiqués entre 1977 et 2006. Ils ont ensuite mené une comparaison des modifications des incidences pendant cette période de surveillance de 30 ans, dans des groupes définis notamment par l’âge et l’origine ethnique.

Les chercheurs mettent en évidence que l’incidence globale (nombre de cas pour 100 000 personnes) du cancer de la partie basse de l’estomac a décliné au cours des 30 ans, pour toutes les origines ethniques.

Ainsi, les taux ont chuté de 5,9 à 4 chez les Américains d’origine caucasienne, de 13,7 à 9,5 chez les Afro-américains et de 17,8 à 11,7 pour les autres groupes.

Chez les Américains caucasiens, différents groupes se distinguent avec diverses incidences. Ces taux ont chuté de 20 à 13 chez les personnes de 60 à 84 ans et de 3 à 2 pour les 40 à 59 ans. Mais ils se sont accrus de 0,27 à 0,45 dans la tranche des 25 à 39 ans.

« Comme l’infection de la muqueuse gastrique par H. pylori est la principale cause du cancer gastrique de la partie basse, les modifications du profil de cette infection au cours des 50 dernières années pourraient expliquer les différences d’incidence entre les plus vieux et les plus jeunes dans le groupe des Caucasiens. »

La réduction de l’incidence constatée dans la cohorte des plus âgés concorde avec le déclin de l’infection par H. pylori, qui a accompagné l’amélioration de l’hygiène et la réduction du confinement au cours de l’enfance, période d’acquisition de la bactérie.

Ainsi, l’accroissement dans les cohortes plus jeunes est susceptible de correspondre à un changement de l’âge d’acquisition, voire à une inversion de la tendance au déclin de la prévalence à long terme.

Ce qui n’exclut pas l’éventualité de l’émergence d’un nouveau processus carcinogène qui se découvre à l’occasion de l’éradication d’H. pylori. On évoque des déterminants alimentaires, comme l’accroissement de la consommation de sel et des salaisons, ainsi que le tabac. Tous ces éléments ont été impliqués en tant que facteurs de risque des parties hautes et basses de l’estomac.

JAMA, 5 mai 2010, vol. 303, n° 17, p. 1723-1 728.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8767