Radio ablation des petites tumeurs non métastatiques

Le CyberKnife, l'outil de précision pour réséquer les tumeurs non-opérables

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Publié le 14/04/2016
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Crédit photo : ©AP-HP / François Marin

Avec un nom pareil, on aurait pu imaginer que le CyberKnife est une arme issue d'un roman de science-fiction.

Dans la réalité, il s'agit d'un dispositif de radiothérapie stéréotaxique qui est en train de progressivement changer le pronostic des petites tumeurs non opérables. Développée en Suède pour faire des traitements intracrâniens, la radiothérapie stéréotaxique consiste à utiliser un accélérateur mobile de particule pour délivrer un flux de particules à travers le patient via plus de 250 axes différents, ayant pour point commun la position de la tumeur.

Mis au point dans les années 1990 à Stanford, le CyberKnife, est arrivé en France à partir de 2007, suite à un appel d’offres de l'Institut national du cancer (INCa) dans 3 sites : Lille Nancy et Nice. À partir de 2011, d'autres appareils ont été installés à Tours, à Bordeaux et à Levallois-Perret. Dernière installation en date : l'hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP, AP-HP) qui a inauguré le sien vendredi 8 avril.

Localiser la tumeur en permanence

Les premiers modèles de radiothérapie stéréotaxique ne pouvaient traiter que les tumeurs intracrâniennes, à condition que la tête du patient reste immobile. Afin de s'attaquer à des localisations mobiles comme le poumon, le foie le sein ou la vessie, il a fallu coupler le dispositif à un système d'imagerie embarquée qui contrôle en permanence la position du patient et celle de sa tumeur.

Trois marqueurs fixés sur la poitrine reconstruisent par ailleurs un modèle mathématique des mouvements liés à la respiration. L'appareil dispose d'un accélérateur miniaturisé de particules placé à l'extrémité d'un bras robotique fabriqué par Kuka, la firme équipant les usines automobiles. Le bras se positionne alternativement sur chacun des 250 axes de traitement à chaque séance. La nouveauté du modèle de l'HEGP réside dans un ensemble de lames qui permettent de donner au faisceau une forme qui va épouser celle de la tumeur.

Cette précision autorise des doses inatteignables en radiothérapie classique. « Au lieu de 30 séances avec des doses de 2 Gy, on est en mesure de délivrer 3 à 10 séances de 20 Gy, explique le Dr Jean Emmanuel Bibault, chef de clinique du service d'oncologie radiothérapie de l'HEGP, de telles doses sont radio-ablatives : on détruit complètement la tumeur. Avec 250 faisceaux, la dose délivrée en amont de la tumeur sera 250 fois plus faible que celle qui la frappe directement », poursuit le Dr Bibault.

Les petites tumeurs inopérables

Les indications sont très particulières : seules des petites tumeurs (adénocarcinomes du poumon, tumeurs carcinoïdes…) peuvent être traitées, sans atteintes ganglionnaires, de petits stades et inopérables ou chez des patients qui refusent la chirurgie. « On peut traiter les cancers du foie de patients qui ont déjà subi des hépatectomies, donne le Dr Bibault en exemple, ou encore des métastases pulmonaires ou hépatiques de patients oligométastatiques », explique-t-il. Le traitement des tumeurs intracrâniennes peut aussi bénéficier de ce dispositif sans avoir à visser le crâne des patients comme c'était le cas avec les matériels plus anciens.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9488