Récidive de cancer de la prostate

Le dosage bio-code barre dépiste du PSA indétectable

Publié le 19/10/2009
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CERTES cette nouvelle approche n’a été testée que sur le sérum de 18 patients, mais ces résultats sont très prometteurs. La survenue d’une récurrence biochimique s’observe chez 20 à 40 % des patients opérés. Chez ces patients, une radiothérapie de rattrapage ou une radiothérapie adjuvante, à condition d’être précoce, permet d’améliorer l’évolution de manière significative.

Des chercheurs de Chicago (États-Unis) et d’Innsbruck (Autriche) ont évalué une stratégie dénommée « bio-code barre », qui permet une détection protéique considérablement plus sensible que les outils diagnostiques classiques basés sur la technique ELISA. Cette méthode, qui utilise des nanoparticules d’or porteuses d’anticorps spécifiques du PSA, autorise la détection de l’antigène prostatique à des concentrations extrêmement basses. Les auteurs ont modifié cette technique innovatrice en attachant les ADN code barres sur la surface des nanoparticules avant d’y lier les anticorps, ce qui permet, entre autres, d’accroître la stabilité de la nanoparticule.

Nouveau seuil de détection.

Le dosage bio-code barre a ensuite été testé, dans une étude clinique pilote, sur le sérum de 18 hommes qui avaient subi une prostatectomie radicale. Les chercheurs montrent que le dosage bio-code barre permet de définir un nouveau seuil de détection du PSA en dessous de 0,1 ng/ml (cette concentration ayant été détectée au niveau de 86 % des échantillons sanguins avec le nouveau dosage contre 25 % des échantillons avec le dosage classique), mais aussi de quantifier des concentrations d’antigène aussi basses que 330 fg/ml (1 femtogramme correspond à un millième de pg).

Au sein du groupe des neuf patients sans apparente récidive biochimique, des augmentations tardives du taux de PSA <0,1 ng/ml ont pu être détectées par le dosage bio-code barre chez deux patients. Ce qui suggère que le nouveau dosage est capable de dévoiler précocement une récidive potentielle ultérieure chez ces patients. Dans le groupe de neuf autres patients avec récidive biologique, trois avaient des concentrations en PSA initialement indétectables par le dosage traditionnel, et l’un d’entre eux avait des taux de PSA restés proches de 0,1 ng/ml pendant environ deux ans suivant la prostatectomie. Par ailleurs, dans deux autres cas du groupe « récidive biologique », un traitement de rattrapage a été institué, rendant les taux de PSA indétectables par le dosage classique.

En conclusion, cette nouvelle forme de dosage ultrasensible, avec une sensibilité de 330 fg/ml, a plusieurs intérêts potentiels : il permettrait de rassurer les patients chez qui les taux de PSA sont détectables mais demeurent < à 5 pg/ml lors du suivi, car une récidive peut alors être exclue ; il rend possible la détection précoce d’une récurrence là où le dosage classique ne révèle pas d’augmentation du PSA ; enfin, il offre la possibilité de suivre, après un traitement de rattrapage, l’évolution des taux de PSA, ce qui est actuellement infaisable avec le dosage traditionnel.

CS Thaxton et coll., Nanoparticle-based bio-barcode assay redefines « undetectable » PSA and biochemical recurrence after radical prostatectomy. Proc Natl Acad Sci USA (2009), publié en ligne.

Dr BERNARD GOLFIER

Source : lequotidiendumedecin.fr