Accès à l'immunothérapie anti-PD1

Le pembrolizumab disponible dans 4 nouvelles indications

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Publié le 21/01/2020
L’immunothérapie anti-PD1, pembrolizumab (Keytruda), est aujourd'hui remboursée en 1 e ligne du CBNPC associé à la chimiothérapie, dans le mélanome en situation adjuvante, le cancer de la vessie et le lymphome de Hodgkin. Environ 16 000 nouveaux patients seraient susceptibles d'en bénéficier.

Crédit photo : Phanie

Alors que le pembrolizumab était déjà pris en charge en 1e et 2e ligne des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) et dans les mélanomes métastatiques (en monothérapie), cet anticorps anti-PD1 est disponible depuis le 22 novembre 2019 dans quatre nouvelles situations. Suite à l’accord obtenu entre le laboratoire MSD et le Comité économique des produits de santé, la cure de traitement remboursée (200 mg pour 3 semaines) s’élève désormais à 5 185 euros. 

Des extensions d’indications dans le CBNPC et le mélanome

Le pembrolizumab est désormais accessible à davantage de patients atteints de CBNPC et de mélanome. En effet, en association à une chimiothérapie standard à base de sels de platine et pemetrexed, il devient disponible en 1e ligne de traitement d’un CBNPC de type non-épidermoïde, quel que soit le niveau d’expression du biomarqueur PD-L1 (alors qu’à ce stade en monothérapie il est réservé aux tumeurs exprimant PDL1 à un seuil ≥ 50 %). L’étude de phase III KEYNOTE-189, menée chez 616 patients dans cette situation clinique, a mis en évidence une réduction de 51 % du risque de décès et de 48 % du risque de progression avec l’association du pembrolizumab à la chimiothérapie, par rapport au placebo combiné à la chimiothérapie. « On passe de 11 à 22 mois de survie médiane, s’enthousiasme le Pr Nicolas Girard (Institut Curie, Paris). De plus, le bénéfice est observé quel que soit le taux de PD-L1 ».

Dès le stade adjuvant, les patients atteints de mélanomes pourront également bénéficier de cet anti-PD1. Selon l’étude KEYNOTE-054 menée chez 1019 patients présentant un mélanome de stade III avec atteintes ganglionnaires et ayant subi une résection complète, le risque de récidive est réduit de 43 % avec le pembrolizumab en monothérapie, par rapport au placebo (suivi médian de 16 mois). « En pratique, il faut mieux traiter dès le stade adjuvant, précise la Pr Caroline Robert (Gustave Roussy, Villejuif). On commence même à développer des protocoles avant l’opération, en néoadjuvant. La prise en charge du mélanome est en train de changer : on agit beaucoup plus tôt ». 

Deux nouveaux cancers bénéficiant de l’immunothérapie

Aujourd’hui, les patients avec un carcinome urothélial localement avancé ou métastatique peuvent disposer du pembrolizumab en 2e ligne de traitement. Selon l’étude KEYNOTE-045 réalisée chez 542 patients dans ce cas, le pembrolizumab réduit de 30 % le risque de décès après 18,5 mois de suivi, comparativement à la chimiothérapie. « La réponse au traitement va durer très longtemps, relève la Pr Nadine Houédé (CHU Carémeau, Nîmes). Nous n’avions jamais vu çà dans les cancers de la vessie ». En effet, après 22,5 mois de suivi, la durée médiane de réponse était toujours non atteinte chez les 21 % de patients répondeurs sous pembrolizumab (versus 11,4 % avec la chimiothérapie). « Dans les recommandations 2018 de l’Association française d’urologie, on avait introduit, après l’étude, le pembrolizumab comme le traitement de référence en 2e ligne, poursuit la Pr Houédé. Après deux passages devant la HAS et une pétition des urologues en mars 2019, nous sommes très contents que le médicament soit enfin disponible pour nos patients ».

« Dans le lymphome de Hodgkin (LH) et le cancer de la vessie, le besoin était d’autant plus important que ces pathologies étaient orphelines d’innovations thérapeutiques depuis de nombreuses années, rappelle le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer et du Centre Léon Bérard de Lyon. Dans le LH, il y a une fraction de patients (en rechute ou réfractaires) qui était en impasse thérapeutique et pour laquelle on obtient un bénéfice tout à fait spectaculaire avec le pembrolizumab ». En effet, l’étude KEYNOTE-087, réalisée chez 210 patients dans ce cas, a mis en évidence un taux de réponse globale de 69 % (dont 22 % de réponses complètes) avec le pembrolizumab en monothérapie. « La mise à disposition de ce traitement, qui va concerner quelques centaines de patients par an avec un LH en rechute ou réfractaire, est un apport considérable », reconnaît le Pr Blay.

D’après la conférence de presse du laboratoire MSD, le 14 janvier 2020.

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr