Cancer du col de l’utérus

Le vaccin anti-HPV efficace

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Publié le 20/11/2020
Une étude (1), menée sur une très vaste cohorte, prouve pour la première fois que la vaccination contre le papillomavirus (HPV) permet de prévenir les cancers du col de l'utérus (CCU).
En France, la vaccination reste inférieure à 25 % de la population cible

En France, la vaccination reste inférieure à 25 % de la population cible
Crédit photo : phanie

Diverses études avaient montré que la vaccination réduisait la survenue des condylomes et des lésions précancéreuses, ce qui laissait présager une diminution des cancers du col de l'utérus (CCU), mais aucun essai de grande ampleur ne l’avait formellement prouvé.

On disposait jusqu’ici des données d’une série finlandaise (2) mais où le nombre de CCU était trop faible pour une conclusion définitive. De même, des résultats d’un essai mené aux États-Unis ont montré une réduction significative de l’incidence des CCU après instauration de la vaccination (3). Enfin, il existait des études de modélisation, menées notamment en Australie, se fondant sur la réduction des lésions précancéreuses de haut grade.

Vacciner tôt 

Une très large étude menée sur un registre suédois de 1 672 983 filles ou jeunes femmes âgées de 10 à 30 ans suivies de 2006 à 2017, a comparé l’incidence du CCU chez les 527 871 d’entre elles qui avaient reçu au moins une dose de vaccin quadrivalent et celles qui n’avaient pas été vaccinées.

La Suède a mené une campagne de vaccination intensive depuis les années 2006, avec un programme de vaccination scolaire de 10 à 12 ans, un rattrapage gratuit pour les 13-18 ans, associé à des campagnes de dépistage des CCU de 23 à 64 ans. La vaccination a été instaurée avec trois doses du vaccin quadrivalent puis deux doses pour les 10-12 ans  depuis 2015.  

On a recensé 19 CCU chez celles qui avaient reçu le vaccin et 538 chez les non vaccinées, soit pour 100 000 femmes, 47 cas chez les vaccinées et 94 chez les autres. Après ajustement sur diverses variables, le RR de CCU était de 0,37 (IC 95 %, 0,21 à 0,57). Parmi les femmes vaccinées, 83 % l’avaient été avant 17 ans, avec dans ce cas une réduction encore plus substantielle du risque de CCU de 88 % (RR = 0,12, IC 95 % 0 à 0,34) vs 53 % (RR = 0,47, IC 95 %, 0,27 à 0,75) chez celles qui avaient été vaccinées plus tard. « Ce qui renforce l’idée que même s’il persiste un bénéfice en vaccinant tard, la vaccination précoce est à l’évidence la stratégie à suivre », souligne la Dr Sophie Wylomanski. « Cette étude constitue une avancée spectaculaire pour prouver l’impact de la vaccination sur l’incidence des CCU ». Elle se fondait sur des vaccins quadrivalents, aussi peut-on penser que les chiffres seraient encore meilleurs avec le vaccin nonavalent.

Une analyse non publiée des génotypages HPV de près de 3 000 CCU montre que dans 84,4 % des cas, ils sont dus à des sérotypes 16 ou 18, les plus fréquents dans les pays occidentaux. Mais l’étude soulève aussi l’hypothèse d’une protection croisée contre les sérotypes non inclus dans le vaccin (4).  

On espère que cette étude puisse convaincre de l’intérêt de la vaccination anti-HPV en France, qui reste inférieure à 25 % de la population cible…

D’après un entretien avec la Dr Sophie Wylomanski, hôpital Saint-Joseph (Paris)
(1) Lei et al. N Engl J Med 2020. doi:10.1056/NEJMoa1917338.
(2) Luostarinen et al. Int J Cancer 2018;142:2186-7.
(3) Guo et al. Am J Prev Med 2018;55:197-204.
(4) Lehtinen et al. Nat Rev Clin Oncol 2013;10:400-10.

Dr Maia Bovard Gouffrant

Source : lequotidiendumedecin.fr