L’ÉCHOGRAPHIE DE contraste (ECUS) peut être programmée spécifiquement après une échographie simple qui a mis en évidence une lésion de diagnostic non univoque, ou elle peut compléter l’échographie initiale dans le même temps afin de caractériser la lésion découverte.
Sa principale est la caractérisation d’une lésion hépatique. Il s’agit souvent de préciser l’étiologie d’une anomalie de découverte fortuite, car si l’échographie simple permet de visualiser les kystes, d’autres lésions requièrent une injection de produit de contraste pour détailler toute la dynamique vasculaire. « Il n’est pour autant pas question d’opposer échographie de contraste et IRM/TDM, ces méthodes sont complémentaires » insiste le Pr Valérie Vilgrain. « Dans un certain nombre de cas, l’échographie de contraste suffit ; elle a les mêmes performances que l’IRM dans les angiomes, mais dans d’autres tumeurs, comme les tumeurs bénignes hépatocytaires, les deux techniques se complètent. Ainsi, au lieu de réaliser d’emblée une biopsie hépatique pour une lésion de diagnostic incertain au premier examen, on préfère maintenant faire un deuxième examen non invasif qui permet bien souvent de caractériser la lésion ».
Dans le cadre du dépistage du carcinome hépatocellulaire au cours des cirrhoses compensées, l’hypervascularisation à l’échographie permet de distinguer les nodules néoplasiques des nodules de régénération.
En cas de lésions hépatiques mises en évidence chez un patient ayant un cancer extra-hépatique, l’échographie de contraste oriente fortement vers le caractère métastatique ou non. Le rehaussement à la phase artérielle est variable et est souvent faible en dehors des métastases hépatiques hypervasculaires. Les phases portale et tardive sont clés car elles mettent en évidence un lavage ou « wash-out » (lésion qui devient hypoéchogène par rapport au reste du foie), très évocateur de malignité.
Bilan préthérapeutique et monitorage peropératoire.
Les métastases hépatiques sont souvent multiples et l’un des objectifs de l’imagerie préchirugicale est de faire une cartographie avant l’intervention, afin de connaître exactement le nombre, la taille et la localisation des lésions. L’échographie de contraste est intéressante puisqu’en répétant les injections on peut effectuer un balayage de l’ensemble du foie aux temps portal ou tardif. Des études sont cependant en cours pour savoir quel est l’examen le plus intéressant dans cette indication, échographie de contraste, IRM ou TDM.
Enfin, l’échographie de contraste facilite le guidage de l’ablation tumorale par radiofréquence des tumeurs hépatiques et permet de vérifier l’efficacité du traitement après ablation.
Quelques limites technologiques.
La première condition est d’avoir auparavant repéré la lésion par échographie simple ; en effet, en dehors des métastases hépatiques, l’échographie de contraste est peu contributive pour la détection avec les agents de contraste actuellement disponibles.
La deuxième limite est la stéatose hépatique qui diminue, voire empêche la propagation des ultrasons en profondeur. Le mode d’imagerie en basse puissance utilisé pour l’échographie de contraste est beaucoup plus sensible à la stéatose que l’échographie conventionnelle. Si on doit étudier une lésion postérieure, il faudra utiliser un abord plus favorable.
Le produit de contraste (Sonovue, Bracco) ne provoque pratiquement jamais d’allergie et est dépourvu de toxicité propre. Les contre-indications sont beaucoup moins nombreuses qu’avec les autres produits, notamment iodés. La seule contre-indication est l’insuffisance cardiaque hémodynamiquement instable qui risque de décompenser. Cet agent de contraste n’a pas l’AMM chez la femme enceinte et chez l’enfant.
Enfin, des études en cours évaluent l’intérêt de l’échographie de contraste pour apprécier la réponse tumorale des traitements non chirurgicaux, en particulier les thérapeutiques ciblées comme les antiangiogéniques car on sait maintenant que l’efficacité carcinologique s’apprécie davantage en termes de diminution de la vascularisation que de diminution de la taille.
D’après un entretien avec le Pr Valérie Vilgrain, chef de service d’Imagerie de l’hôpital Beaujon, Clichy.
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