Testez vos connaissances

L’épidémiologie du cancer du côlon

Publié le 06/10/2009
Article réservé aux abonnés

1) Un cancer très fréquent

1.1) Le cancer colorectal (CCR) est :

- le 2e cancer le plus fréquent chez la femme après le cancer du sein,

- chez l’homme, le 3e cancer le plus fréquent, après les cancers du poumon et de la prostate.

1.2) On a recensé 37 400 nouveaux cas en France en 2005.

2) Facteurs favorisants

Quels sont les facteurs favorisant la survenue d’un CCR ?

2.1) La majorité des CCR (plus de 90 %) ne sont pas héréditaires. L’incidence augmente avec l’âge et le risque est faible en dessous de 45 ans, puis il double avec chaque décennie.

2.2) Le risque est fonction du mode de vie.

- Au plan alimentaire, l’excès calorique, une consommation excessive de viande et de charcuterie sont des facteurs de risque établis, alors que les légumes et les fruits ont un rôle protecteur.

- L’alcool et le tabac sont également impliqués.

2.3) La majorité (60 à 80 %) des CCR se développent à partir d’une lésion précancéreuse : l’adénome.

Le risque de cancérisation d’un adénome de taille supérieure ou égale à 1 cm est de :

- 2,5 % à cinq ans,

- 10 % à dix ans,

- 25 % à vingt ans.

3) Niveaux de risque

Il existe plusieurs niveaux de risque.

3.1) Risque moyen.

Il s’agit des sujets asymptomatiques de plus de 50 ans. Il est recommandé de faire tous les deux ans une recherche de sang occulte dans les selles (Hemoccult) et,en cas de positivité, de leur proposer une coloscopie.

3.2) Risque élevé et très élevé.

3.2.1) Il s’agit des antécédents personnels et familiaux d’adénome ou de CRR et des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Leurs définitions et la conduite à tenir sont indiqués dans l’encadré.

3.2.2) Il existe 2 grands types de prédispositions héréditaires.

- Prédispositions à transmission par un seul des deux parents (risque de transmission de 50 %). Il s’agit du syndrome HNPCC (Hereditary Non Polypoid Colon Cancer) ou syndrome de Lynch et de la polypose rectocolique adénomateuse familiale (PAF).

- Prédisposition à transmission par les deux parents. Le risque n’est alors pas pour les descendants (sauf consanguinité) mais pour la fratrie

3.2.3) A côté de ces formes héréditaires, rares et graves, il faut savoir qu’en cas de cancer du côlon chez un parent du 1er degré (père, mère, frère, sœur, enfant) avant 65 ans, le risque est multiplié par 2 ou 3. Le dépistage par coloscopie est alors recommandé d’emblée et il doit être commencé au moins dix ans avant l’âge d’apparition le plus jeune dans la famille.

4) Dépistage organisé

4.1) Ce programme est destiné aux 16 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans.

4.2) Il repose sur la réalisation, tous les trois ans d’un test de recherche de sang occulte dans les selles, suivi d’une coloscopie en cas de résultat positif.

4.3) La diminution de la mortalité est d’au moins 30 % chez les participants au dépistage.

4.4) Quelles sont les caractéristiques du test au gaïac ?

- C’est un papier réactif imprégné de gaïac sur lequel la personne applique un petit fragment de selle fraîchement émise.

- Ce test est simple (à faire chez soi), ne nécessite pas de régime, la lecture (centralisée) se fait par adjonction d’une solution alcoolique d’eau oxygénée : réaction colorée bleue si le test est positif.

- Le test Hémoccult est pris en charge à 100 %

4.5) Quels sont les résultats ?

4.5.1) Le test est positif dans 2 à 3 % des cas.

4.5.2) Sa sensibilité se situe entre 50 % et 60 % des cas. Il faut donc inciter les patients à :

- une réalisation régulière du test tous les trois ans,

- ne pas négliger un signe d’alerte dans l’intervalle.

4.5.3) Lorsque le test est positif, la coloscopie découvre :

- un cancer une fois sur dix,

- au moins un adénome, trois à quatre fois sur dix, qui peut être enlevé pendant l’examen.

4.5.4) Que penser des autres méthodes de dépistage : tests immunologique et coloscopie ?

- Le test immunologique de recherche de sang dans les selles est plus sensible que le test au gaïac, mais plus onéreux.

- La coloscopie est l’examen de référence pour mettre en évidence des anomalies rectocoliques et elle permet l’exérèse des polypes.

La coloscopie comporte cependant des risques liés à une éventuelle anesthésie générale et à ses propres (complications, perforation et hémorragie, estimées de 1 à 2/1 000).

Réponse

Le paragraphe 4 comporte une inexactitude. En effet, après 50 ans et jusqu’à 74 ans, ce n’est pas tous les trois ans, mais bien tous les deux ans, qu’il est recommandé de faire un dépistage de sang occulte dans les selles.

Encadré 1

SUJETS ASYMPTOMATIQUES

Conduite à tenir en fonction du risque

Risque moyen

› 50 ans Dépistage (1)

Risque élevé

- Antécédent personnel de cancer colorectal ou d’adénome

- Antécédent familial de cancer colorectal ou d’adénome (2)

- Maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) (3) Coloscopie

Risque très élevé

- Polypose adénomateuse familiale (PAF)

- Cancer colorectal héréditaire non polyposique (HNPCC) Coloscopie (4)

(1) Recherche de sang occulte dans les selles

(2) Un parent du 1er degré < 65 ans ou 2 parents 1er degré quel que soit l’âge

(3) Surtout les pancoliteS, évoluant depuis 8 à 10 ans et ayant débuté à un âge jeune

(4) Plus une consultation d’oncogénétique

 Dr Claude EUGÈNE CLINIQUE SAINT-LOUIS, 78300 POISSY ceugene@club-internet.fr
En complément

Source : lequotidiendumedecin.fr