Les inégalités de santé s’aggravent

Publié le 17/01/2013
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« LES INÉGALITÉS sociales de mortalité par cancer n’ont pas diminué, au contraire ». Le nouvel état des lieux présenté par l’INCA reprend les données d’incidence, de mortalité, de survie et de prévalence des cancers de l’adulte du précédent rapport, une actualisation étant prévue au cours du premier trimestre 2013. En revanche, il s’enrichit d’un chapitre sur les inégalités de santé, l’un des trois grands thèmes transversaux du Plan cancer. La France est « un des pays d’Europe de l’Ouest où les inégalités sociales de mortalité par cancer sont les plus importantes quel que soit le sexe », souligne le rapport. « Pour l’ensemble des cancers, le risque de décéder par cancer est multiplié par environ 2,5 entre le niveau d’études le plus élevé et le niveau d’études le plus faible ». Chez les hommes, ces inégalités sont présentes pour tous les cancers et sont plus marquées pour les cancers du poumon et des voies aéro-digestives supérieures. Concernant les femmes, on observe désormais une mortalité significativement plus élevée chez les moins diplômées, avec une augmentation significative du risque de décès par cancer du poumon en fonction du niveau d’études plus marquée que dans les périodes précédentes. Dans le cas du cancer du sein, cette association avec le niveau d’étude n’est plus observée.

Une grille des fragilités.

Les inégalités géographiques de mortalité concernent aussi bien les hommes que les femmes mais sont plus élevées chez les premiers. Chez les hommes, les taux les plus élevés se concentrent dans le nord et les nord-est du pays, le sud de la Bretagne, l’ouest de la Bourgogne et en Auvergne alors que les taux les plus bas sont observés dans le sud. Chez les femmes, les taux les plus élevés sont relevés en Ile-de-France (à l’exclusion de Paris et du département de l’Essonne), l’ouest de la Bourgogne et le nord du pays.

Ces inégalités de mortalité peuvent s’expliquer à la fois par des facteurs liés à l’incidence des cancers donc aux facteurs de risque, à des facteurs liés au dépistage ou à la prise en charge, au diagnostic ou au traitement. Les inégalités les plus marquées s’observent pour les cancers liés à la consommation de tabac et d’alcool mais « ces facteurs de risque ne peuvent expliquer toutes les inégalités », précise le rapport.

Les actions du Plan cancer qui visent à réduire les inégalités concernent à la fois le dépistage, le parcours de soins, l’information des patients. Ainsi en 2012, une expérimentation du parcours personnalisé de soins, avec une élaboration d’une grille de repérage de fragilité sociale, a été réalisée dans 35 sites pilotes et a concerné 9 700 personnes. « Un tiers de celles-ci présentaient une fragilité sociale », indique l’INCA. Une nouvelle phase d’expérimentation est prévue pour évaluer les modalités d’accompagnement des personnes dans leur parcours.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9210