Arrêt du traitement pour cancer du rein

Les inhibiteurs de tyrosine kinase marquent un point

Publié le 26/01/2012
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L’ARRIVÉE, il y a quelques années, de thérapies ciblées dans le traitement du cancer du rein métastatique a contribué à modifier l’évolution de cette pathologie maligne pour laquelle il n’y avait pas de chimiothérapie efficace. À titre indicatif, avec le sunitinib, la médiane de survie globale dans le cancer métastatique dépasse deux ans ; il y a davantage de patients qui présentent une amélioration de leur cancer (rémission ou stabilisation) ; quelques cas (rares) de rémission complète sont observés.

C’est dans ce contexte que des Français (Laurence Albiges et Bernard Escudier, IGR, Villejuif) ont mis en place une étude multicentrique rétrospective portant sur les cas de rémissions complètes chez des patients atteints de cancer du rein métastatique et traités par thérapies ciblées seules ou associées à un traitement local. Les auteurs se sont focalisés sur les cas de rémission complète observés sous inhibiteur de tyrosine kinase (sunitinib, sorafenib). Même si ces cas de rémission complète sont rares (64 dans la présente étude), les cancérologues se posent maintenant la question de l’arrêt du traitement.

Dans cette étude rétrospective, les auteurs (groupe français d’immunothérapie - GFI - et groupe d’étude des tumeurs urogénitales - Getug) ont recensé 64 cas de rémissions complètes, dont 36 sous sunitinib ou sorafenib seuls et 28 avec en plus un traitement local (chirurgie, radiothérapie ou radiologie interventionnelle). Parmi ces 64 cas, 60 étaient des cas de cancer dits à cellules claires et tous avaient eu une néphrectomie.

Une option acceptable.

Parmi les 36 cas de rémissions complètes sous inhibiteur de tyrosine kinase seul, 8 ont poursuivi leur traitement après rémission complète et 28 l’ont arrêté. Parmi ces 28 patients là, 17 (soit 61 %) sont toujours en rémission complète après 255 jours de suivi médian.

Parmi les 28 cas traités à la fois par inhibiteur de tyrosine kinase et traitement local, 25 ont stoppé leur traitement après rémission complète ; 12 de ces 25 patients (48 %) sont toujours en rémission complète après 322 jours de suivi médian.

« L’arrêt du traitement après rémission complète sous inhibiteurs de tyrosine kinase est une option acceptable, concluent les auteurs. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier des facteurs biologiques prédictifs du risque de récidive post-rémission complète, après l’arrêt du traitement. »

L. Albiges, S Oudard, S. Negrier et coll. Journal of Clinical Oncology, publication du 9 janvier 2012.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9073