C’EST LA PREMIÈRE fois qu’une femme accède à la présidence de la Ligue contre le cancer. L’élection du Pr Jacqueline Godet, le 10 mai dernier à la tête de la plus importante association de malades, fondée en 1918, est donc un petit événement. « Pour moi, c’est surtout la consécration de mon engagement à la ligue où je suis bénévole depuis maintenant huit ans », explique le Pr Godet, qui assurait déjà la vice-présidence de la ligue depuis 2004, en charge du dossier de la recherche. « Jusqu’en 2011, j’ai aussi présidé le conseil scientifique », précise-t-elle.
Avant de s’engager à la Ligue contre le cancer, Jacqueline Godet a fait toute sa carrière dans la recherche génétique. Initialement professeur de classe exceptionnelle en génétique à l’université de Lyon-1, elle a été nommée directrice du centre de génétique moléculaire et cellulaire en 1980. Un poste qu’elle a occupé pendant quinze ans. En 1997, elle est devenue directrice scientifique du département biologique-santé au ministère de la Recherche. Et de 1999 à 2002, elle a occupé le poste de directrice scientifique du département des sciences de la vie au CNRS.
Une des premières priorités de Jacqueline Godet sera de mobiliser la ligue pour obtenir la mise en route du troisième plan Cancer. « C’est pour nous une absolue nécessité que nous avons clairement rappelée lors de la campagne pour l’élection présidentielle durant laquelle nous avons interpellé tous les candidats sur leurs engagements. François Hollande a annoncé sa volonté de mettre en place ce nouveau plan Cancer », indique le Pr Godet, en soulignant la nécessité que ce troisième plan Cancer privilégie une approche « plus individuelle », tant dans le parcours de soins et l’après-cancer qu’en matière de prévention.
Une approche globale.
Consciente de la nécessité de développer une approche plus globale de la lutte contre le cancer, Jacqueline Godet fait aussi part de sa volonté de décloisonner les trois grandes missions de la ligue : la recherche, les actions pour les malades et leurs proches, la prévention et la promotion des dépistages. « La recherche est un domaine d’action très important. La Ligue est aujourd’hui le premier financeur indépendant de la recherche sur le cancer en France. Nous soutenons aussi bien des projets de recherche fondamentale, de recherche clinique que des projets dans le domaine de l’épidémiologie et des sciences sociales. Nous menons aussi des actions de recherche très ciblées comme celles concernant les adolescents et le cancer », explique le Pr Godet.
L’action en faveur des malades, elle aussi, devient de plus en plus importante notamment face à la montée de la précarisation . « Aujourd’hui, cette question de la précarité des personnes malades est devenue majeure. Nous parvenons désormais à guérir environ 60 % des patients, mais il faut être conscient que la situation socio-économique rend la maladie encore plus douloureuse et difficile à vivre », constate la présidente en insistant sur les atouts de la ligue. « Notre fédération regroupe 103 comités départementaux qui sont bien placés pour apporter une aide de proximité aux personnes en situation de grande vulnérabilité, en particulier les mères isolées, les personnes ayant des emplois précaires, les habitants des quartiers populaires ou ruraux… », indique Jacqueline Godet.
Autre priorité : l’action en faveur du dépistage. « Depuis quelques années, les pouvoirs publics se sont davantage engagés, notamment à travers la mise en place des dépistages organisés du cancer du sein et du cancer colo-rectal. C’est une bonne chose, mais cela ne doit pas nous inciter à nous relâcher dans nos actions de sensibilisation, notamment, là encore, vis-à-vis des publics les plus vulnérables ou isolés », souligne Jacqueline Godet.
Des actions internationales.
Enfin, la nouvelle présidente souhaite développer les actions internationales de la Ligue contre le cancer. « Historiquement, la ligue a joué un rôle très important dans ce domaine, notamment en étant à l’origine de la création de l’Union internationale contre le cancer (UICC). Aujourd’hui, nous souhaitons nous impliquer encore davantage, en particulier dans les pays du sud où la maladie ne cesse de progresser. Il y a deux ans, nous avons participé à la création de l’Alliance des ligues francophones africaines et méditerranéennes contre le cancer (ALIAM). Pour nous, il est très important d’encourager l’aide nord-sud, mais et surtout de développer les relations sud-sud », indique Jacqueline Godet.
D’après un entretien avec le Pr Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer.
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