En marge du dépistage
« Nous sommes parfois amenés à voir en consultation des femmes très âgées qui présentent des tumeurs du sein volumineuses, car totalement négligées pendant plusieurs années », déplore le Dr Pascale This. Le dépistage organisé concerne les femmes de 50 à 74 ans, mais au-delà de 74 ans bien souvent aucun examen clinique des seins n’est réalisé ; d’ailleurs les squirrhes, qui sont ces tumeurs typiques très évoluées de la femme âgée, ne sont souvent diagnostiqués que fortuitement. « Pour ces femmes très âgées comme pour toutes les autres femmes non concernées par le dépistage, le médecin traitant se trouve en première ligne », insiste le Dr This. Une attention toute particulière devrait être portée selon elle aux femmes jeunes avec des antécédents familiaux de cancer du sein et à celles non suivies sur le plan gynécologique. De plus, parmi les autres femmes, n’oublions pas toutes celles qui ne se présentent pas aux examens de dépistage par peur, et qui sont capables de négliger des tumeurs. « La phobie du cancer du sein est plus fréquente qu’on ne le pense, d’ailleurs rares sont les femmes qui pratiquent l’autopalpation, jugée trop anxiogène. »
L’œil et la main du clinicien
En cas d’anomalie, l’avis sénologique repose constamment sur un trépied, incluant clinique, radiologie (mammographie et/ou échographie) et, le cas échéant, cytologie ou biopsie. « La mammographie ne détecte pas tout, rappelle le Dr This. Elle n’est d’ailleurs pas toujours suffisante chez la femme jeune car le sein est dense. »
Une simple inspection peut déjà suffire à mettre le clinicien en alerte. Un aspect eczématiforme de la peau, une maladie de Paget du mamelon, une rétraction de ce dernier, une rétraction cutanée ou un méplat cutané, constituent autant de lésions qui devront d’emblée faire suspecter une néoplasie sous-jacente. « Il ne s’agit parfois que de tous petits signes, d’une asymétrie d’un sein par rapport à l’autre ou d’une tuméfaction tout juste visible à contre-jour. »
La palpation permettra de dépister dans un second temps une ou plusieurs tuméfactions, d’en apprécier la taille, la consistance et le caractère suspect, mais aussi de rechercher un éventuel écoulement mamelonnaire. « L’examen clinique représente une première étape indispensable pour toutes les femmes qui ne sont pas soumises au dépistage organisé, mais assure également la surveillance des autres entre deux mammographies. » Enfin, seul un bon examen clinique assurera le dépistage de toute la pathologie bénigne du sein, des mastoses, kystes ou adénofibromes de la jeune fille.
Rappelons que la palpation des seins s’effectue bras levés, en position assise puis allongée, et quadrant par quadrant. La palpation des aires ganglionnaires axillaires et sus claviculaire vient systématiquement compléter l’examen. « L’examen clinique des seins devrait rester l’examen de routine du médecin généraliste, conclut le Dr This, et toute femme, quel que soit son âge, devrait pouvoir en bénéficier au moins une fois par an. »
Dr Pascale This : pas de conflits d’intérêts déclarés.
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