Cancer et environnement

L’expologie devient prioritaire

Publié le 11/03/2010
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LE CANCÉROPÔLE PACA a tenu son 5 e colloque annuel à Marseille, sous le haut parrainage de l’INCA et du Conseil Régional PACA. Si la première journée a été consacrée au bilan et aux perspectives de l’organisme, la réunion satellite a mis en lumière quelques recherches sur les « Facteurs de risque environnementaux et cancer, de la biologie à l’épidémiologie », question qui figure parmi les priorités du nouveau plan Cancer.

Le cancéropôle PACA, cofinancé à parts égales (3,4 millions d’euros sur trois ans) par l’État et la Région, a montré une nouvelle fois son dynamisme et son potentiel, autour de ses réseaux de 1 000 chercheurs, répartis en 160 équipes différentes et 11 entreprises de biotechnologies. Comme l’a expliqué Jean-Paul Borg, son coordinateur, « nous nous situons à l’interface des deux CHU, Marseille et Nice, des deux centres régionaux de lutte contre le cancer, ainsi que du CNRS et de l’INSERM ».

Outre son champ de compétences dans le domaine thérapeutique et en recherche transversale en nanobiosciences et décryptage du génome, le cancéropôle a toujours développé les recherches dans le domaine des sciences humaines, économiques et sociales, sous la responsabilité de Jean-Paul Moatti. Tout cela contribue à en faire un centre d’excellence, qui pourrait être choisi avec 4 autres en France comme site labellisé de référence, permettant une mobilisation de l’argent public. L’appel d’offres de ces sites d’exception doit être lancé en juin.

Sans tabou.

Au-delà de ces missions, le colloque du cancéropôle PACA a aussi mis un coup de projecteur sur les facteurs de risques environnementaux du cancer. Le Pr Dominique Maraninchi, devenu président de l’Institut national du cancer (INca) après avoir dirigé de longues années l’institut Paoli-Calmettes, souligne que l’identification des nouvelles sources cancérigènes dans l’environnement fait partie des priorités fixées par le plan Cancer II : « Nous y allons sans tabou. Ces facteurs ont souvent été oubliés ou écrasés par les facteurs de risque comportementaux ; nous devons rechercher ceux liés à l’environnement. » Il annonce deux axes de travail prioritaires. «  Nous avons dû changer de stratégie d’observation, pour une articulation avec le plan Santé Environnement, et travailler sur une approche multi-émetteurs la plus précise possible. Il faut classer les substances et analyser les effets sur les récepteurs. » Enfin, les expositions régulières dans le milieu de travail requièrent désormais une attention particulière.

« Étant donné le retard que nous avons dans ce domaine, nous voulons mobiliser de nouvelles disciplines dans le domaine et développer des consultations cancer et environnement dans les hôpitaux ainsi que l’analyse des cas d’exposition, ce que l’on appelle l’expologie. » Selon lui, la médecine du travail doit aider les cancérologues et les médecins généralistes à se sensibiliser à l’expologie. Tous ont un rôle très important à tenir.

HÉLÈNE FOXONET

Source : Le Quotidien du Médecin: 8727