Sarcomes des tissus mous

L’hyperthermie marque un point

Publié le 03/05/2010
Article réservé aux abonnés

LES SARCOMES des tissus mous de l’adulte constituent une pathologie maligne rare mais problématique. La moitié des patients en meurent. Le but du traitement est d’accroître le contrôle, à la fois pour les tumeurs des extrémités et les autres localisations, tout en préservant les fonctionnalités et en réduisant les métastases.

La radiothérapie adjuvante et la chirurgie conservatrice ont amélioré de façon significative le contrôle local et la fonctionnalité dans les sarcomes des extrémités ; toutefois, le risque de progression de la maladie est hautement dépendant de la taille de la tumeur, de son grade histologique et de sa profondeur.

On ne sait pas très bien quel est le traitement optimal des sarcomes des tissus mous à haut risque chez l’adulte. Il apparaît que l’hyperthermie régionale concentre l’action de la chimiothérapie dans les régions tumorales chauffées. Des études de phase II ont montré que l’hyperthermie améliore le contrôle local. C’est dans ce contexte que le « Lancet Oncology » publie les résultats d’un essai de phase III.

L’étude a été menée entre juillet 1997 et novembre 2006 dans 9 centres européens - parmi lesquels le centre Léon-Bérard de Lyon (Pr J.-Y. Blay) - et nord-américains. Les 341 patients (18 à 70 ans) inclus dans l’étude avaient un sarcome des tissus mous localisé à haut risque (≥ 5 cm, grade 2 ou 3 de la FNCLCC, atteignant en profondeur le fascia.

En complément du traitement local (chirurgie ou radiothérapie), les patients ont reçu soit (n = 169) une chimiothérapie dite EIA (etoposide, ifosfamide, doxorubicine) plus hyperthermie délivrée par le système BSD-2000 Hyperthermia ; soit (172) la chimiothérapie EIA seule.

Moindre progression locale et meilleure survie sans maladie.

Après un suivi médian de 34 mois, 132 patients ont présenté une progression locale : 56 dans le groupe EIA + hyperthermie et 76 dans le groupe EIA seule ; soit un Hazard Ratio (HR) de 0,58 dans le groupe avec hyperthermie. En ce qui concerne la survie sans maladie, le HR était de 0,70 pour le groupe hyperthermie.

Le taux de réponse a été de 28,8 % dans le groupe recevant l’hyperthermie (contre 12,7 % dans l’autre).

Quant à la survie globale, le HR est de 0,66.

« À notre connaissance, c’est le premier essai de phase III randomisé à montrer que l’hyperthermie régionale accroît les bénéfices de la chimiothérapie. L’ajout d’une hyperthermie régionale à la chimiothérapie est une nouvelle stratégie thérapeutique efficace pour les patients ayant un sarcome des tissus mous à haut risque, incluant les sarcomes de localisation abdominale ou rétropéritonéale », concluent les auteurs.

Rolf Issels et coll. pour l’EORTC-STBSG et l’ESHO. The Lancet Oncology, poublication en ligne du 29 avril 2010.

Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8762