Taille de la tumeur, invasion, extension

L’IRM, outil indispensable dans le cancer du col utérin

Publié le 16/06/2011
Article réservé aux abonnés
1311153926263055_IMG_63066_HR.jpg

1311153926263055_IMG_63066_HR.jpg

De plus en plus jeunes

En dépit d’une diminution de son incidence, le cancer du col de l’utérus est le dixième cancer chez la femme en termes de fréquence, avec 3 068 cas estimés pour l’année 2005, et son taux d’incidence standardisé dans le monde est, pour l’année 2005, estimé à 7,1 pour 100 000 femmes. Mais surtout, il atteint des femmes de plus en plus jeunes, avec un pic d’incidence à 40 ans et un pic de mortalité à 50 ans (1). Il constitue, par ailleurs, la plus fréquente néoplasie gynécologique chez la femme de moins de 50 ans. L’efficacité de son traitement est conditionnée par une évaluation diagnostique précise avant intervention. Après établissement du diagnostic clinique, la topographie et la taille de la lésion, son extension cervicale, paramétriale ou viscérale ainsi que l’envahissement ganglionnaire doivent être précisés afin de permettre la stadification de la tumeur en utilisant la classification FIGO (Fédération Internationale de Gynécologie - Obstétrique). Le carcinome de stade I est strictement limité au col utérin, alors que le carcinome de stade II s’étend au-delà du col sans atteindre les parois pelviennes. Il affecte le vagin, sans dépasser ses deux tiers supérieurs. Le stade III est celui des carcinomes étendus à la paroi pelvienne et le stade IV correspond aux carcinomes étendus au-delà du petit bassin ou avec envahissement de la muqueuse de la vessie et/ou du rectum.

L’examen le plus performant.

Depuis une vingtaine d’années, le dépistage de cette pathologie fait largement appel à l’imagerie, notamment depuis le développement de l’imagerie par résonance magnétique (IRM). En effet, cette technique permet de recueillir des informations précieuses dans le bilan d’extension locorégional. Il est, parmi les techniques d’imagerie en coupes (échographie, scanner et IRM), de loin « l’examen le plus performant pour préciser le siège et la taille de la tumeur, l’invasion paramétriale ou viscérale ainsi que l’extension ganglionnaire » (2).

Dans une méta-analyse récente, les auteurs ont comparé les valeurs respectives du scanner et de l’IRM pour l’extension paramétriale, vésicale, rectale et ganglionnaire de la tumeur (3). Ce travail a permis de démontrer la supériorité de l’IRM, confirmant ainsi une étude plus ancienne dans laquelle H. Hricak et coll. ont comparé l’efficacité de l’IRM à celle du scanner, d’examens radiologiques divers et à celle d’un examen clinique sous anesthésie générale (4). Ainsi, l’IRM « présente le meilleur rapport coût efficacité pour déterminer les modalités de prise en charge thérapeutique » en permettant « de réduire le recours aux multiples examens réalisés auparavant ».

De plus, l’IRM, sous réserve de protocoles adéquats, permet de déterminer la taille de la tumeur avec une précision supérieure à 95 % (5).

La seule limite de l’IRM, comme celle du scanner, est le bilan d’extension ganglionnaire. Or, l’état des ganglions lymphatiques joue un rôle clé dans la détermination du pronostic et du traitement du cancer du col de l’utérus. Une analyse systématique des publications sur l’exactitude du diagnostic fondé sur la biopsie du ganglion sentinelle, sur la tomographie par émission de positrons, sur l’imagerie par résonance magnétique et sur la tomodensitométrie a permis de montrer que la biopsie du ganglion sentinelle offre une plus grande précision que les méthodes d’imagerie actuelles d’usage courant lorsqu’il s’agit de déterminer l’état des ganglions lymphatiques chez les femmes atteintes de cancer primitif du col de l’utérus (6).

Des récidives bien détectées

L’IRM permet par ailleurs une évaluation thérapeutique à 45 Grays en cas de lésion de mauvais pronostic traitée par radiochimiothérapie, ce qui permet d’envisager si besoin une chirurgie avec une morbidité moindre qu’après 60 Grays. Enfin, les récidives sont bien détectées par l’IRM à l’étage pelvien qui peut les distinguer des remaniements post-thérapeutiques(7).

Références

(1) Duport N. Données épidémiologiques sur le cancer du col de l’utérus - Etat des connaissances - Actualisation 2 008. InVS, Saint-Maurice, 2008.

(2) Thille A. Comment je fais une IRM du cancer du col utérin. Imagerie de la femme 2 006 ; 16 (2) : 101-110.

(3) Bipat S, et coll. Computed tomography and magnetic resonance imaging in staging of uterine cervical carcinoma : a systematic review. Gynecol Oncol 2 003 ; 91 : 59-66.

(4) Hricak H, et coll. Invasive cervical carcinoma: role of MR imaging in pretreatment work-up--cost minimization and diagnostic efficacy analysis. Radiology 1996 ; 198 (2) : 403-9.

(5) Sala E, et coll. MRI of malignant neoplasms of the uterine corpus and cervix. Am J Roentgenol 2007 ; 188 (6) : 1577-87.

(6) Selman TJ, et coll. Diagnostic accuracy of tests for lymph node status in primary cervical cancer: a systematic review and meta-analysis. CMAJ 2008 ; 178 (7) : 855-62.

(7) Kinkel K, et coll. Differentiation between recurrent tumor and benign conditions after treatment of gynecologic pelvic carcinoma: value of dynamic contrast-enhanced subtraction MR imaging. Radiology 1997 ; 204 (1) : 55-63.

 Dr GÉRARD BOZET D’après la communication de S. Taïeb, congrès « Cancers au féminin 2011 », Paris mai 2011.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8983