Près de la moitié des cancers surviennent chez les personnes âgées de plus de 65 à 70 ans. Or, elles sont trop souvent exclues des essais cliniques leur permettant d’accéder aux traitements les plus adaptés et les plus innovants.
Le bénéfice de l’association de la chimiothérapie à l'hormonothérapie, après la chirurgie, reste controversé dans les cancers du sein hormonosensibles de plus de 70 ans. Aster 70s est le premier essai thérapeutique multicentrique à évaluer l’intérêt de la chimiothérapie adjuvante chez près de 2000 femmes de plus de 70 ans (âge moyen 75 ans) atteintes d’un cancer du sein hormonosensible HER2-négatif (ER+/HER2-) primaire ou en rechute locale. Cet essai a été présenté au congrès américain d’oncologie (ASCO) par le Dr Étienne Brain (Institut Curie, Paris), qui a reçu également le prix ASCO B.J. Kennedy d'excellence scientifique en onco-gériatrie.
Un message de prudence
Les 1 089 patientes ayant une tumeur agressive (l’agressivité étant évaluée sur une signature génomique) ont été randomisées entre hormonothérapie seule ou associée à la chimiothérapie. « Après un suivi médian de 5,8 ans, l’analyse en intention de traiter (ITT) n'a pas montré de bénéfice significatif de la chimiothérapie sur la survie globale par rapport à l'hormonothérapie seule, c’est le premier message de prudence », insiste le Dr Étienne Brain (Institut Curie).
Prendre en compte les signatures génomiques
Néanmoins, certaines patientes pourraient retirer un bénéfice marginal de la chimiothérapie, comme suggéré par les analyses per protocole, mais à condition qu'elles soient strictement sélectionnées. Les données gériatriques associées à la signature génomique permettraient de mieux sélectionner les patientes pour une éventuelle chimiothérapie adjuvante. « On ne peut pas appliquer aux plus de 70 ans les mêmes standards que chez les plus jeunes », met en garde le Dr Brain. L’énorme quantité de données recueillies dans Aster 70s, et en particulier celles sur la qualité de vie, l'autonomie, les effets secondaires, l’acceptabilité des thérapies, devraient permettre d’adapter ces traitements souvent surprescrits, comme la chimiothérapie. « Tous ces travaux soulignent le besoin essentiel d'une recherche clinique spécifique dans ce large segment de nos patients », conclut l’oncologue.
(1) Brain E et al, ASCO 2022, abstract 500
Cancer du sein : Kisqali réévalué à la hausse
Cancer du sein métastatique
Enhertu indiqué en deuxième ligne
Adénome à prolactine : le traitement médical en première intention
Zika et dengue nous rendent plus attirants pour les moustiques