« On était frustrés par les difficultés des patients à nous joindre et à consulter au cours des trois à quatre semaines qui séparent deux cycles de chimiothérapie », se souvient la Dr Katell Le Dû de l’hôpital privé du Confluent, à Nantes. Depuis six mois, cette hématologue utilise Oncolaxy pour suivre ses patients à distance. Ce dispositif médical a obtenu, en même temps que son équivalent en cardiologie Cardiolaxy, un marquage CE de classe IIa, indispensable pour être autorisé à traiter des paramètres vitaux (température, tension…).
Le principe est simple : une à deux fois par semaine, les utilisateurs reçoivent un SMS avec un lien pour répondre à un questionnaire portant sur le sommeil, les douleurs, l’humeur, la sexualité et même leurs éventuelles difficultés économiques. Le logiciel détecte automatiquement des rechutes ou des complications liées aux thérapies. En fonction des réponses, une alerte est transmise à l’oncologue qui peut, le cas échéant, contacter le patient.
Améliorer l’adhérence
« Avec ce système, on évite des hospitalisations et les patients sont plus adhérents au traitement, témoigne la Dr Le Dû. En temps normal, il peut arriver que les patients arrêtent certains traitements sans nous le dire ». Pour l’instant, les médecins nantais ne suivent qu’un nombre limité de patients avec Oncolaxy. « À long terme, cela nécessite une grosse implication des médecins, ou au moins d’une infirmière de coordination, poursuit-elle. Nous devons bloquer des plages horaires chaque semaine pour gérer les alertes signalées par le logiciel, ce qui demande du temps qui n’est pas considéré comme une téléconsultation ».
Les médecins de l’hôpital du Confluent sont en train de monter un essai clinique parmi 80 patients visant à démontrer que les patients suivis à l’aide d’Oncolaxy ont une qualité de vie supérieure à celle de patients bénéficiant du suivi classique. « Nous présenterons les résultats à la Caisse primaire d’Assurance-maladie pour que le temps passé sur le logiciel et le fait de recontacter les patients soient reconnus comme du temps de téléconsultation », complète la Dr Le Dû.
Afin de s’assurer de la bonne utilisation du dispositif chez les personnes âgées, isolées ou peu à l’aise avec les nouvelles technologies, les questionnaires peuvent être remplis par un membre de la famille ou un infirmier lors d’une visite à domicile.
Oncolaxy n’est pas le seul logiciel de ce genre, mais c’est le premier à ne pas être lié à un seul type de cancer. Ainsi, l’assistant digital Romy, proposé par Amgen, n’est utilisable que dans le myélome multiple et Lea, développé par Janssen, se consacre à la leucémie lymphoïde chronique.
Cette application de classe IIa de télésurveillance est capable de suivre tout traitement, et d’organiser les soins de support pour les tumeurs solides et hématologiques.
Oncolaxy présente aussi l’intérêt de proposer des questionnaires modulables, utilisables lors d’essais cliniques. « La déclaration des effets indésirables par les patients est plus fiable que celle par les médecins, avec une différence de l’ordre de 20 % », rapporte la Dr Le Dû.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?