Cancérologie

Optimiser le traitement anticancéreux via l’épigénétique

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Publié le 06/05/2022
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Dans le cancer du sein triple négatif, des chercheurs français ont montré chez l'animal que l'efficacité à long terme de la chimiothérapie pouvait être améliorée à l'aide de médicaments capables de moduler les marques épigénétiques des cellules tumorales.

Crédit photo : Phanie

Une équipe française a mis en évidence l'influence de l’épigénome dans la résistance des cellules tumorales aux traitements anticancéreux. Dans des travaux détaillés dans « Nature Genetics », des chercheurs du CNRS et de l'Institut Curie ont montré que le recours à des médicaments épigénétiques en combinaison avec la chimiothérapie pourrait permettre de renforcer l'efficacité à long terme de cette thérapie anticancéreuse dans le cancer du sein triple négatif.

Le risque de récidive est fréquent dans ce type de cancer. En cause : les cellules tumorales sont capables de s'adapter à la chimiothérapie et donc de survivre. Les chercheurs ont découvert que certaines marques épigénétiques portées par les cellules tumorales jouent un rôle dans ce phénomène.

« L’épigénome d’une cellule représente l’ensemble des modifications chimiques de l’ADN ou des protéines associées qui vont déterminer l’expression des gènes et ainsi l’identité de ladite cellule, sans affecter la séquence des gènes, définit le CNRS. L’épigénétique étudie comment ces gènes vont être, ou non, utilisés par une cellule. » Les modifications épigénétiques permettent ainsi aux cellules de s'adapter à leur environnement.

Des analyses sur cellule unique ont permis aux chercheurs d'étudier les variations épigénétiques des cellules tumorales au cours du traitement par chimiothérapie. En l'absence de traitement, des marques épigénétiques agissent comme un « verrou » sur certains gènes, c'est-à-dire qu'elles les empêchent d'être accessibles à la machinerie de transcription, réprimant ainsi leur expression. La chimiothérapie fait sauter ce verrou dans de rares cellules. En empêchant ce verrou de sauter – en modulant ces marques épigénétiques –, toutes les cellules restent sensibles au traitement anticancéreux. C'est ce que les chercheurs ont démontré via des modèles animaux en utilisant des composés dits « épi-drugs », capables d'inhiber le retrait des marques épigénétiques. Cette approche doit être adaptée pour un usage humain.

J. Marsolier et al., Nature Genetics, 2022. DOI : 10.1038/s41588-022-01047-6

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin