Cancers du sein infracentimétriques

Place et impact du dépistage

Publié le 10/09/2010
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LES DIFFÉRENTES études publiées sur le dépistage systématique des cancers du sein montrent que, globalement, les cancers sont diagnostiqués à un stade relativement précoce dans environ deux tiers des cas.

Dans les séries françaises récentes sur les cancers du sein de petite taille, il apparaît, d’une part, que la moitié des cancers diagnostiqués ont une taille inférieure à 2 cm, dont 20 à 25 % sont des tumeurs de moins de 1 cm, d’autre part, que 80 à 90 % des cancers infracentimétriques classés T1a et T1b (classification TNM) ne s’accompagnent pas d’envahissement ganglionnaire, « ce qui veut dire néanmoins que, à ce stade, 10 à 20 % des patientes ont déjà un envahissement ganglionnaire », souligne le Dr Paul-Henri Cottu (Institut Curie, Paris).

Une mortalité de 4 à 5 %.

Quel est l’impact du dépistage précoce des tumeurs T1a et T1b sur le pronostic ? Les études publiées sur la valeur pronostique de la taille de la tumeur montrent une différence nette entre les tumeurs T1a et b et les tumeurs T1c, en matière de rechutes locorégionales et à distance au cours des cinq premières années, traduisant ainsi des différences pronostiques à court et moyen terme. Cependant au-delà de la 5e et la 6e année, la différence n’apparaît plus clairement.

L’analyse des décès toutes causes confondues chez les femmes présentant un cancer du sein inscrites dans le programme américain SEER (Surveillance, Epidemiology and End Results) montre que, à 10 ans, les femmes dont la tumeur était classée T1ab N0, M0 ont une probabilité beaucoup plus élevée de mourir d’une autre cause que de leur cancer du sein, respectivement 24 % et 4 % (1).

Le pronostic des tumeurs T1a et T1b a été évalué dans une étude menée en Colombie Britannique (Canada). Les résultats à 5 ans mettent en évidence une petite différence avec un taux de survie de 96 % chez les femmes présentant une tumeur T1a et un taux légèrement moins élevé chez les patientes présentant une tumeur T1b confirmant le bon pronostic de ces tumeurs infracentimétriques.

Facteurs pronostiques.

Les études rétrospectives publiées dans la littérature montrent que les principaux facteurs pronostiques prédictifs usuels gardent leur pertinence, notamment le statut ganglionnaire, le stade histopathologique SBR, le statut des récepteurs hormonaux (récepteurs des estrogènes et récepteurs de la progestérone), l’expression de l’Erb-2, la taille de la lésion, l’angiogénèse, la présence de mirocalcifications, l’âge au diagnostic…

En effet, plus récemment, le statut HER2 a été introduit dans l’évaluation des cancers du sein T1a et T1b dans l’étude de séries texanes, finlandaises, italiennes, canadiennes, françaises. A. M. Gonzalez-Angulo, du Anderson Cancer Center (Houston, États-Unis) (2), a montré, en reprenant les données de plus de 900 patientes ayant une tumeur T1a-b N0 M0 diagnostiquée entre 1990 et 2002, que, en analyse multivariée, les patientes dont la tumeur surexprime HER2 ont un risque plus élevé de rechute (HR = 2,68 ; IC95 % [1,44 - 5,0] ; p = 0,002) et de rechute à distance (HR = 5,3 ; IC95 % [2,23 - 12,62] ; p< 0,001) que les patientes dont la tumeur est HER2 négative.

Les données d`une étude coréenne menée par Y. H. Park et coll. (3) sur le pronostic des petites tumeurs, montrent, en analyse multivariée, que les deux critères défavorables indépendants pour la survie sans rechute à distance sont la surexpression de HER2 et le caractère triple négatif.

Enfin, la signature moléculaire dite d’Amsterdam a été introduite dans l’évaluation pronostique des tumeurs du sein. Appliquée de façon rétrospective aux tumeurs T1a et T1b, elle a une valeur pronostique considérée comme significative, ne permettant toutefois pas sa validation.

La prise en compte de ces facteurs pronostiques prédictifs permet d’identifier les patientes présentant un profil pronostique péjoratif et de leur proposer des solutions thérapeutiques individualisées.

D’après la communication du Dr Paul-Henri Cottu (Institut Curie, Paris), « Importance des cancers du sein infracentimétriques. Place et impact du dépistage ».

(1) Hanrahan E.O. et coll. Overall survival and cause –specific mortality of patients with stage T1a,bN0M0 breast carcinoma J Cln Oncol 2007;25 (31):4952-60.

(2) Gonzalez-Angulo A.M et coll. High risk of recurrence for patients with breast cancer who have human epidermal growth factor receptor 2-positive, node negative tumor 1cm or smaller. J Clin Oncol 2009;27(34):5700-6.

(3) Park Y.H. et coll. A risk stratification by hormonal receptors (ER, PgR) and HER2 status in small (≤ 1 cm) invasive breast cancer: who might be possible candidates for adjuvant treatment. Breast Cancer Res Treat 2010;119 (3):653-61.

 Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8812