Cancer et sport sur ordonnance

Prescrire au plus tôt optimise les résultats

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Publié le 11/05/2017
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Crédit photo : PHANIE

Amélioration de la qualité de vie globale, meilleure tolérance aux traitements, effets positifs en matière de survie et de risques de récidive… L’intérêt de la pratique d’une activité physique régulière est de mieux en mieux documenté dans la prise en charge du cancer. En témoigne le rapport INCa publié en mars dernier qui dresse sur plus de 200 pages un large état des lieux des connaissances en la matière.

« On commence à avoir des preuves scientifiques et épidémiologiques suffisamment solides dans de nombreux cancers », déclare le Pr Xavier Bigard président de la Société française de médecine du sport (SFMES) qui a présidé le groupe de travail en charge du rapport. Mais sur le terrain, des barrières d’ordre physique, organisationnelle et psychologique freinent encore grandement la pratique d’une activité physique chez les malades. « Les professionnels de santé ont un rôle important à jouer dans l’engagement des patients », d’autant qu’une pratique régulière « même de faible niveau », s’avère bénéfique par rapport à un état sédentaire, indique le rapport. L’INCa prône ainsi une « information précoce » sur le sujet, « dès le dispositif d’annonce du cancer et de son traitement ».

Un acte médical

Désormais encadrée par la loi pour les patients ALD, la prescription d’activité physique reste un « acte médical sous la responsabilité de l’oncologue et/ou du médecin traitant », rappelle l’institut. Or « très peu de médecins sont aujourd’hui capables de prescrire une APA au sens où on l’entend en médecine », constate le Pr Bigard. « Il faut bien évidemment du temps pour que cette nouvelle conception de l’activité physique puisse entrer dans un processus de formation initiale et continue » afin que les praticiens s’approprient cette prescription et la mettent plus largement en pratique sur le territoire, ajoute-t-il. Dans les centres hospitaliers pilotes, l’encadrement favorise l’engagement des patients à suivre des programmes adaptés à leur état. Les choses peuvent toutefois se compliquer lorsque le patient sort de l’environnement hospitalier après une phase de traitements.

Outil d’orientation

« À l’hôpital, on se retrouve entre patients et l’on pratique ensemble avec un protocole et un suivi. Dans la vie de tous les jours, il y a une rupture de ce lien, même si des réseaux existent pour prendre le relais », à l’image des comités Cami sport cancer ou des programmes mis en place localement par la Ligue contre le cancer, évoque le Pr Bigard. Pour assurer le suivi en médecine de ville, la question de l’orientation du patient se pose. « Actuellement, le gros problème dans de nombreuses régions, c’est le manque de visibilité des professionnels habilités à dispenser ces APA », constate-t-il. Publiée fin avril, une circulaire ministérielle recommande aux Agences régionales de santé et Directions régionales de la jeunesse et du sport un recensement sur leur site web de l’offre disponible afin d’aider les médecins traitants à orienter les patients vers une structure adaptée. Un gros chantier en perspective pour organiser et fluidifier le dispositif.

*« Bénéfices de l’activité physique pendant et après cancer. Des connaissances scientifiques aux repères pratiques » / Collection Etats des lieux et des connaissances, INCa, mars 2017.

David Bilhaut

Source : Le Quotidien du médecin: 9580