Journée mondiale du 4 février

Se protéger des infections pour prévenir le cancer

Publié le 03/02/2010
Article réservé aux abonnés
1276103573F_600x_125649_IMG_28507_1265259004097.jpg

1276103573F_600x_125649_IMG_28507_1265259004097.jpg
Crédit photo : DR

AVEC 7,6 millions de décès annuels le cancer est la première cause de mortalité dans le monde. Si aucune mesure n’est prise, la maladie fera 84 millions de morts entre 2005 et 2015, estime l’Organisation mondiale de la santé. C’est pourquoi, aux côtés de l’Union internationale contre le cancer (UICC), elle a choisi de consacrer la journée mondiale du 4 février à la prévention. Son message : « Prévenir le cancer, c’est aussi possible ». L’objectif est de sensibiliser le public aux différents moyens susceptibles de faire reculer le cancer, tels que l’arrêt du tabac, la consommation modérée d’alcool, l’adoption d’un régime alimentaire sain, la pratique régulière d’un exercice physique, une exposition au soleil limitée mais aussi la protection contre les infections cancérigènes. La mise en œuvre de l’ensemble de ces moyens suffirait à réduire de 40 % le risque de développer un cancer.

Vaccination anticancéreuse.

En appui de la journée, la campagne lancée par l’UICC et ses 300 organisations membres représentant 100 pays, a voulu mettre l’accent sur une des stratégies de lutte contre les cancers encore méconnue du grand public, la vaccination. « Environ 20 % des 12 millions de cancers diagnostiqués chaque année peuvent être attribués à des infections virales ou bactériennes, lesquelles sont directement cancérigènes ou accroissent le risque de développer la maladie », souligne le Pr David Hill, président de l’UICC. Dans les pays en développement, quelque 22 % des décès liés aux cancers ont une origine infectieuse, la proportion est de 6 % dans les pays industrialisés, indique le rapport publié à cette occasion. « Il est essentiel que nous prenions davantage conscience du potentiel cancérigène de certaines infections », explique l’UICC.

La découverte du lien entre infection et cancer remonte à une trentaine d’années. « L’identification de ces agents infectieux, la prévention, le dépistage et le traitement des infections qu’ils provoquent doivent désormais faire partie intégrante de la recherche en cancérologie », suggère le rapport. Lorsqu’un vaccin n’est pas disponible, d’autres stratégies peuvent être utilisées, telles qu’une antibiothérapie ou précoce ou la prise d’un traitement antiparasitaire.

Neufs agents doubles.

Le rapport établit une liste de 9 agents dont le rôle dans la genèse d’un cancer a été démontré : les virus de l’hépatite B et C, qui contribuent respectivement à 50 % et 25 % des cancers du foie ; le papillomavirus et le cancer du col ; le virus Epstein-Barr et le lymphome de Burkitt ; le VIH et le sarcome de Kaposi ; Helicobacter pylori et le cancer de l’estomac ; les nématodes ( Opisthorchis viverrini, Opisthorchis felineus et Clonorchis sinensisis) et le cholangio-carcinome ; schistosoma haematobium et le cancer de la vessie. Le vaccin contre l’hépatite B a été le premier vaccin disponible contre ce type d’affection. Un deuxième pas a été franchi avec le vaccin anti-HPV, qui a permis de disposer d’un outil efficace contre le cancer du col, troisième cause de mortalité cancéreuse chez les femmes. « Même lorsqu’une technologie abordable est disponible, d’énormes défis restent à surmonter du fait d’une sensibilisation réduite à la maladie et du manque d’infrastructures de santé publique, comme en témoignent les disparités mondiales observées dans la couverture vaccinale de l’hépatite B », note l’UICC.

La balle est dans le camp des décideurs politiques, qui ont « la responsabilité d’utiliser ces vaccins pour sauver des vies, et de former leurs communautés à la nécessité de certains choix de vie et mesures de prévention susceptibles de réduire le risque de cancer », conclut-elle.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8701