Sur les résultats de l’étude pivotale de phase III SOLO-1 menée chez 391 patientes (1), l’olaparib a été approuvé en juin 2019 par la commission européenne en monothérapie pour le traitement d’entretien des patientes avec un cancer de l’ovaire épithélial avancé de haut grade (stades FIGO III-IV), des trompes de Fallope ou péritonéal primitif avec mutation BRCA 1/2 en réponse (complète ou partielle) à une première ligne de chimiothérapie à base de platine.
Une réduction de 70 % du risque de progression
Les résultats de l’étude SOLO-1 ont mis en évidence une réduction de 70 % du risque de progression avec l’olaparib (300 mg deux fois/jour) par rapport au placebo (survie sans récidive non atteinte avec l’olaparib versus 13,8 mois sous placebo, HR = 0,30, p < 0,0001). À trois ans, 60 % des patientes sous olaparib n’avaient pas progressé, contre 27 % dans le groupe placebo. « Le nombre d’arrêts de traitement pour toxicité, de 11 % sous olaparib, est relativement faible pour un traitement qui dure deux ans, souligne la Pr Isabelle Ray-Coquart (centre Léon Bérard), présidente du Groupe d’investigateurs national des études des cancers ovariens et du sein (GINECO). Les principales toxicités observées sont les nausées et la fatigue liée en partie à l’anémie. À l’inverse de la chimiothérapie, le début de traitement est parfois compliqué, nécessitant quelques réductions de doses, mais à partir de six mois de traitement on parvient à trouver l’ajustement entre efficacité et tolérance sur du long terme ».
Une mise à disposition précoce
Grâce à l’élargissement aux extensions d’indications du cadre réglementaire de l’autorisation temporaire d’utilisation de cohorte (ATUc), un accès précoce à l’olaparib (déjà disponible dans le cancer de l’ovaire en cas de rechute) a été mis en place en première ligne chez plus de 200 patientes entre le 11 mars 2019 et le 16 janvier 2020. Depuis, l’olaparib est pris en charge dans cette indication à titre dérogatoire selon un dispositif de post-ATUc, en attendant les délibérations du comité économique et la parution au journal officiel des conditions de remboursement et du prix.
Quelles patientes tester ?
Le traitement par olaparib nécessite au préalable la détection de mutations BRCA. « On teste toutes les patientes avec un cancer de l’ovaire, des trompes et du péritoine, dès le diagnostic, explique le Pr Pascal Pujol, onco-généticien au CHU de Montpellier. En effet, chez les patientes avec mutation BRCA, une fois sur deux il n’y a pas d’histoire familiale ». Orientant le traitement primaire, le résultat doit ensuite arriver au clinicien sous huit semaines maximum. « Cette information est également très utile lors de la rechute si le test n’a pas été réalisé précédemment », ajoute le Pr Pujol.
Selon la récente étude PAOLA (2), l’olaparib, associé au bevacizumab, serait également efficace chez les patientes porteuses de défauts de la recombinaison homologue (HRD), anomalies génétiques à l’origine d’un déficit de réparation de l’ADN, pas nécessairement lié à la mutation des gènes BRCA 1/2. « Plus il y a un déficit de la réparation, plus le bénéfice serait important, ajoute la Pr Ray-Coquard. On essaye de travailler sur de nouveaux tests plus performants et de définir l’amplitude du bénéfice avec d’autres critères que le test, comme la réponse aux sels de platine ».
« Il faut augmenter nos capacités d’analyse et de production de tests », reconnaît également le Pr Pujol face au développement des anti-PARP dans de nombreux cancers (de l’ovaire, du sein, de la prostate, du pancréas).
Mono, bi ou trithérapie ?
Suite aux résultats de l’étude PAOLA démontrant l’efficacité de la combinaison olaparib-bevacizumab (versus bevacizumab), se posera, en cas d’homologation, la question entre l’administration de la monothérapie ou de l’association. « À l’avenir, certaines patientes recevront la combinaison (en cas de maladie résiduelle à un stade IV), d’autres le bevacizumab seul (patientes HRD négatives) et d’autres l’olaparib seul (en cas de mutation BRCA) », explique la Pr Ray-Coquard. D’autre part, des trithérapies d’entretien (associant immunothérapie, anti-PARP et bevacizumab) sont à l’étude. Les résultats sont attendus en 2022, voire 2023…
(1) Moore K. et al, Maintenance Olaparib in Patients with Newly Diagnosed Advanced Ovarian Cancer, N Engl J Med 2018; 379:2495-2505
(2) Ray-Coquard I. et al, Olaparib plus Bevacizumab as First-Line Maintenance in Ovarian Cancer, N Engl J Med 2019; 381:2416-2428 DOI: 10.1056/NEJMoa1911361
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